Engagez-vous en politique


Certains mots et sujets ont été érigés en tabou social. Le simple fait de les invoquer dans une conversation de groupe fait naître un malaise collectif. C’est ainsi que naît une sorte de mutisme collectif pour soi-disant préserver le « fihavanana ». En bon Malgache, on préfère ne pas aborder le sujet qui fâche pour sauver l’apparence au lieu de crever l’abcès une bonne fois pour toute pour la guérir. « Tsy miady, tsy miady fa ny kibay ankelika ihany » qui pourrait signifier en traduction libre que l’on fait semblant de ne pas se battre alors que la massue est prête à servir. Un adage qui, pour nous, montre bien cette manière d’être très controversée du Malagasy. Quand ce dernier dit oui, il est fort possible que ce soit un acquies­cement par complaisance ou un oui situationnel. Parmi ces mots interdits, on pourrait en citer quelques-uns : secte, gay, transgenre, viol conjugal, avortement, divorce, héritage, etc. Mais il y a un autre mot lépreux, le plus détesté de tous. C’est le mot « politique ». Parler de politique serait source de conflit même entre mari et femme. On change vite de chaîne ou d’onde quand des « politiciens » ou des « sujets politiques » passent à la télé ou à la radio. On évite, on préfère faire semblant de n’avoir rien entendu et d’écouter de la musique ou regarder ces séries télés abêtissantes. Car il parait que la politique...c’est une mauvaise chose. Les intellos répondront à l’accoutumée, d’une manière « très haut niveau » qu’il ne faut pas confondre politique et politique ! Qu’il y a La politique et La politique politicienne. Allez-y voir ce que monsieur et madame tout le monde comprendront de tout cela. Pas besoin de devoir aller consulter un dictionnaire pour cerner les théories interplanétaires de la politique. Il suffit de constater ce qui se passe en politique. Entre ce que l’on voit et entend, ce que l’on fait voir et entendre et ce qui se passe réellement derrière la scène, la grande majorité des Malgaches est encore adepte de la vérité du trottoir. Infox et intox, des traditions orales toujours d’actualité. Un certain Gustave Parking disait qu’en politique, vaut mieux participer qu’être parti pisser. Quand on y pense bien, on comprend mieux pourquoi il y a tant d’urine ici et là. Tout le monde est parti pisser et à démissionner de son devoir politique. Et quand les places sont vides d’hommes et de femmes bons, les cancres et les mauvais prennent place. La nature a horreur du vide, n’est ce pas ? Ce qui est étonnant et ahurissant, c’est de voir ceux qui ont abandonné leur rôle se plaindre et s’écœurer de la politique. Il est temps que nous prenions conscience que ce mutisme collectif, cette fuite en avant devant les sujets qui fâchent est un cancer qui ronge notre société. Osons affronter les choses qui nous divisent. Le conflit est tout à fait naturel et il n’y a pas lieu de les éradiquer. Car c’est en ayant différents points de vue que l’humanité peut avancer. À vrai dire, ce qui est à éviter est que ces conflits deviennent des violences. Détestez-vous ce qui se passe ? Êtes-vous dégoûté à la seule vue de ces hommes politi­ques ? Alors, engagez-vous en politique ! Il est temps d’investir la place, d’écrire de nouvelles pages par vous-mêmes. Certains seront peut-être choqués par ces propos. Il est clair qu’il nous faut du renouveau à toutes les sphères de ce pays. Commencez par vous-même alors. Celui qui veut voir le changement doit commencer par changer lui-même.
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