Rêve, grève, crève


On reprend les mêmes et on recommence. Depuis quarante ans au moins l’actualité est dominée par les différentes grèves et revendications sociales. Les régimes ont beau changé, les grèves sont indecrottables. Grève des étudiants pour arriérés de bourse, grève des enseignants chercheurs pour heures arriérés d’heures complémentaires, grève du personnel administratif et technique pour arriérés de salaire, grève des agents de douanes pour arriérés de prime, grève des agents de pesage de camions pour arriérés de salaire, grève des instituteurs pour vacations de 5 000 ariary non payées, grève des étudiants à cause du délestage, grève des paramédicaux pour indemnités non payées… Il n’y a pas un seul secteur épargné par les revendications sociales diverses. Les gouvernements passent mais les problèmes restent d’un pouvoir à l’autre. À croire que c’est un héritage empoisonné pour les gouvernements. Pour calmer un peu les esprits, les autorités successives ont déplacé le problème sans chercher à le résoudre une bonne fois pour toutes. On a souvent entendu des propos pour gagner du temps demandant aux grévistes de patienter le temps que le nouveau gouvernement trouve son rythme de croisière. Le problème reste entier par la suite. La patate chaude passe d’un régime à un autre jusqu’à l’infini. Les grévistes n’en démordent pas étant donné que l’État avance une insuffisance du budget pour satisfaire leurs revendications alors pour d’autres dépenses imprévues comme les déplacements sportifs ou autres, il ne montre aucune restriction. Et c’est là qu’on a du mal à comprendre la situation étant donné qu’aussi bien les bourses des étudiants que les vacations des surveillants d’examen et les heures complémentaires des enseignants chercheurs… doivent figurer dans la loi de finances, dans un chapitre budgétaire du ministère concerné. On se demande donc s’il s’agit vraiment d’un manque de financement ou de volonté de résoudre le problème ou carrément d’un mépris vis à vis des étudiants et des fonctionnaires en général. Pour le domaine de la santé par exemple, il a fallu une signature du président de la République pour que les soins d’urgence soient gratuits. Jusque-là et depuis quelques années, les hôpitaux publics ne justifient leur appellation que par le fait que c’est un mouroir pour les pauvres. La fonction publique, du moins le domaine de l’enseignement, risque aussi de le devenir à ce rythme. On se demande pourquoi l’État ne résout pas le problème de façon définitive mais se complaît à étouffer les foyers de tension inutiles crées par ces différentes grèves qui sont d’ailleurs synonymes de malaise social lequel finira à la longue par exploser. Eh oui, faute de pouvoir rêver, on fait une grève en désespoir de cause et on finit par crever de faim ou de peine de prison. Un cycle infernal.
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