Moralité d’un naufrage


Le 25 juillet 2020, le pétrovraquier japonais MV Wakashio s’échouait sur les récifs au Sud-Est de l’île Maurice. Dans ses soutes, 3800 tonnes de fioul et 200 tonnes de diesel. Une fuite dans la coque détectée à partir du 6 août, suivie de la cassure en deux de l’épave, le 15 août, a déversé plus de 1000 tonnes d’hydrocarbures toxiques dans l’Océan Indien: les coraux, la mangrove, 800 espèces de poissons et 17 mammifères marins sont en danger de mort. On parle d’une «capacité régionale d’intervention rapide», mais ce sont surtout des moyens indiens (gardes côtes) et français (PolMar: Pollutions Marines; DMSOI: Direction de la mer Sud Océan Indien) qui apportèrent leur expertise. Des pays insulaires, comme Maurice ou Madagascar, devraient avoir un dispositif équivalent à celui de la France via La Réunion: CROSS (centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage), FAZSOI (1700 hommes des forces armées de la zone Sud de l’Océan Indien), AEM (actions de l’État en mer). Et une île-continent doit prévoir des besoins, finalement basiques, comme des barrages hauturiers, des barrages côtiers, des barrages absorbants, des récupérateurs/ écrémeurs, des récupérateurs oléophiles, des motopompes d’aspiration et de refoulement... Un mois après le naufrage, ce vendredi 21 août, l’option du démantèlement ayant été jugée trop coûteuse, la proue du navire a été coulée dans les hauts fonds marins mais rien ne garantit absolument que ce soit sans danger pour les grands cétacés qui naviguent dans les environs en cette période d’hiver austral. La modélisation des hypothèses de dérive des nappes d’hydrocarbure conclut à l’improbabilité d’une pollution vers l’Ouest. Sauf que les courants maritimes avaient déjà transporté vers Madagascar des débris du Boeing 777 de Malaysia Airlines, le vol MH370 disparu corps et biens depuis le 8 mars 2014: les familles endeuillées, peu confiantes dans les versions officielles successives, vinrent à Madagascar (2016) ; des officiels malaysiens suivirent le même chemin (2017) tandis que l’enquêteur américain Blaine Gibson écume les plages de Madagascar, Tanzanie et Mozambique sur la trace du vol MH370. À la suite du tsunami du 26 décembre 2004, des débris parvinrent également sur les côtes orientales malgaches. Deux fois par an, l’Océan Indien connaît un renversement des vents : c’est le régime des moussons qui porta ceux qui peuplèrent Madagascar depuis les rives de l’Asie du Sud-Est.
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