Lutte contre la covid-19 - Un gouvernement à deux vitesses


Les membres de l’équipe gouvernementale n’ont pas le même niveau d’engagement dans la guerre contre la pandémie de la Covid-19. Certains sont aux abonnés absents, d’autres toujours sur le front. TOUS au front. C’est le mot d’ordre dans cette guerre contre le coronavirus. Andry Rajoelina, président de la République, ne cesse de le marteler. Au regard de ce qui se passe sur terrain, l’enthousiasme et l’engagement des ministres dans cette guerre ne sont pourtant pas les mêmes. Il y a ceux qui, de fait de la vocation première de leur portefeuille ministériel se retrouvent, presque logiquement, sur le devant de la scène. C’est le cas du ministre Ahmad Ahmad, en charge de la Santé publique. Même cas pour le général Richard Rakotonirina, ministre de la Défense nationale, et le contrôleur général de police Rodellys Randrianarison, ministre de la Sécurité publique ainsi que le général Richard Ravalomanana, Secrétaire d’Etat à la gendarmerie nationale. En cette période d’état d’urgence sanitaire, les Forces de Défense et de Sécurité (FDS), sont fortement mises à contribution. La mise en place de la Plateforme nationale de gestion médicale Covid-19, au palais des Sports, renforce leur rôle, celui de l’armée en particulier, dans cette crise sanitaire. A la tête du Centre de Commandement Opéra­tionnel Covid-19, Tianarivelo Razafimahefa, ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, a aussi, été en première ligne. Il s’est, toutefois, fait plus discret ces derniers temps. En tant que porte-parole du gouvernement, Lalatiana Rakotondrazafy Andrianton­garivo, ministre de la Communication et de la culture, est présente dans presque toutes les descentes sur terrain et sorties médiatiques. Des ministres semblent s’abstenir d’un engagement franc dans la lutte contre la Covid-19. C’est le cas, semble-t-il, de Hajo Andrianaina­rivelo, ministre de l’Aménagement du territoire. D’autres ne semblent pas savoir exactement ce qu’ils ont à faire dans cette crise sanitaire et essaient juste d’être visibles. Ménager la chèvre et le chou Eclipsée par certains de ses pairs, Irmah Naharimamy, ministre de la Population, entre autres, multiplie les sorties médiatisées, ces derniers jours, pour affirmer que son département a une partition à jouer dans cette guerre sanitaire. Roberto Tinoka, ministre des Sports, semble avoir déménagé son bureau dans la région Antsimo Andrefana. Il semble confondre ses fonctions à celles de chef de file des décideurs locaux. En attendant des jours meilleurs pour s’activer dans la vocation première de son département, Angelo Zasy, viceministre chargé de l’Habitat, s’affaire, également, dans la lutte contre le coronavirus. Survenue quelques semaines après leur nomination, la crise sanitaire a, un temps, été l’occasion pour les ministres nouvellement nommés, le 30 janvier, de démontrer leur proactivité et leur habilité sur terrain. Les femmes, surtout, se sont illustrées. Tandis que l’une d’elles a été limogée, une autre, en la personne de Baomiavotse Raharinirina, ministre de l’Environnement, s’est, peu à peu retiré du front. Ces derniers temps, elle s’active plus dans la bataille contre les différentes dégradations écologiques qui reprennent du terrain. Désigné de fait parmi les acteurs principaux contre cette guerre, Voahary Rakoto­ve­lomanantsoa, ministre de l’Eau, de l’hygiène et l’assainissement, semble être à court de solution efficiente pour appuyer la riposte sanitaire. Alors que la Covid-19 fait une incursion dans les prisons, Johnny Andriama­hefarivo, ministre de la Justice, semble peu réactif. La discrétion de Béatrice Assou­macou, ministre de l’Ensei­gnement supérieur, qui assure l’intérim de l’Education nationale, est, également, criante. Les inquiétudes se font sentir sur les rentrées universitaires. Surtout qu’il y a un cumul d’années universitaires inachevées. A cela s’ajoute l’organisation logistique des examens officiels face à la propagation du coronavirus. Bien que des ministères ne soient pas directement liés à la Santé publique, tous les départements ministériels sont concernés par cette guerre sanitaire. La crise revêt, en effet, plusieurs dimensions. L’emploi, la consommation, l’industrie, le tourisme, le transport ou encore l’agriculture et l’élevage sont autant de secteurs terrassés par la Covid-19 et qui nécessitent un plan de redressement d’urgence. Christian Ntsay, Premier ministre, pour sa part, semble être tenu de ménager la chèvre et le chou. Être un chef d’orchestre efficace des actions gouvernementales, sans faire de l’ombre au président de la République.
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