Hatha-Yoga


Sans tambour, ni trompette, mais le 21 juin était la journée internationale du yoga. Deux ou trois choses que j’ai retenues de mon hatha-yoga d’il y a trente-trois ans: maîtriser sa respiration (prânâyâma) et expirer avant de prendre la posture; amener le sang à la tête permet d’irriguer le cerveau; le «regard intérieur» existe quand on garde les yeux ouverts tout en scrutant chaque muscle interne; la colonne vertébrale est véritablement le «hazon-damosina» malgache, avec ses racines profondes et ses ramifications longues. Un yoga sans guru, mais en lisant scrupuleusement le manuel de Selvarajan Yesudian (1916-1998) et en accomplissant, une seule bonne fois pour toutes, le cycle complet des exercices (de préférence au petit matin) étalés sur un an. L’un de ces exercices consistait à fermer les yeux, visualiser la course de l’aiguille de la seconde d’une montre, ne pas compter mentalement, et rouvrir les yeux exactement à la minute. Même l’improbable, mais tellement emblématique, «pose du lotus» (padmâsana) m’était accessible, au prix de brûlures censées aller en s’atténuant dans les tendons des chevilles. Parmi les nombreuses postures (âsâna), j’en ai retenu quatre ou cinq auxquelles j’ai encore parfois recours. La Sarvângâsana, posture inversée qui fait porter tout le poids par la nuque, excellent pour se détendre de la raideur quotidienne d’une vie urbaine. La Halâsana, en position allongée avant de ramener les jambes derrière la tête afin d’étirer progressivement la colonne vertébrale: bienvenu pour les muscles raidis de la nuque; combiné à la chaleur bienfaisante qui irradie la colonne vertébrale, une fois surmontée la courbature matinale. Le Pashchimatâna, posture qui amène le front contre les genoux, complète ce travail sur la nuque et la colonne vertébrale toujours fatiguées de l’homme moderne. Si une civilisation court à sa perte en marchant sur la tête, le Shirshâsana (faire le poirier) permet de faire affluer le sang, vecteur de l’oxygène, au cerveau. Il faut solliciter ses muscles abdominaux et ses dorsaux pour monter et tenir en équilibre. Un petit défi physique qui emplit d’une immense satisfaction psychologique. La «pose du cadavre» (Shavâsana) me sert encore de temps en temps pour faire le vide, m’oublier, et trouver rapidement le repos. À l’époque, je l’avais expérimenté, de nuit, dehors sur la véranda, allongé en fakir sur de l’aggloméré, au grand dam de mon paternel, inquiet pour ma santé mentale. Lointant souvenir, de quelque rêve mort, un vent, le zéphyr, revient, me souffle et dès lors, je «kumbhaka» chaque fois que possible : en ces temps de Covid, virus qui attente surtout au système respiratoire, je bloque ma respiration pour «savoir». Pendant ce temps, je pourrais en profiter pour m’essayer à Uddiyâna-bandha (retrait de l’abdomen), mais le bide de l’âge (et de la bière) est devenu le principal obstacle à hatha-yoguer.
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