Bemiray - Monde - Pologne, la révolution confisquée ?


Trente années sont passées en Pologne depuis les premières élections « libres » qui se sont déroulées dans ce pays, en juin 1989. Selon Tom Andriamanoro qui ouvre sa chronique hebdomadaire sur ce pays, c’est un prélude à l’écroulement du communisme dans toute l’Europe de l’Est, puisqu’elles se sont tenues cinq mois avant la chute du Mur de Berlin. [caption id="attachment_82053" align="alignleft" width="300"] 1. Anna Walentynowitz.[/caption] Juin, surtout celui de cette année, aurait dû être pour la Pologne le Mois de la liberté retrouvée, et célébré comme tel. Il y a trente ans en effet, en juin 1989, eurent lieu dans ce pays les premières élections relativement libres, un prélude à l’écroulement du communisme dans toute l’Europe de l’Est, puisqu’elles ont été tenues cinq mois avant la chute du Mur de Berlin. Et pourtant, juin est au fil du temps et des péripéties de la politique, devenu un mois aussi banal que les onze autres… Ces élections furent en quelque sorte le couronnement de la lutte menée dans la décennie 80 par le syndicat Solidarnosc et son charismatique leader Lech Walesa. Solidarnosc est une fédération de syndicats menée par un modeste électricien des chantiers navals Lénine, de la ville de Gdansk. Sa fondation a une histoire aussi atypique qu’audacieuse puisque, sous le régime communiste, les syndicats indépendants étaient interdits. Une femme, Anna Walentynowitz, osa créer le tout premier, ce qui lui valut d’être licenciée le 7 août 1980 et de perdre ses droits à la retraite. Cette décision déclencha une grève générale des 17 000 ouvriers des chantiers, prenant de court le pouvoir. Le 31 de ce même mois, Anna Walentynowitz et Lech Walesa créaient Solidarnosc avec le soutien de la toute puissante Église catholique et des intellectuels dissidents regroupés au sein du Kor. Il devenait l’ennemi numéro Un du pouvoir communiste, mais pouvait bénéficier d’une conjoncture plutôt favorable dans laquelle on pourrait citer : une crise intérieure des régimes totalitaires qui commençaient à douter de leur modèle de développement, la culture de résistance des Polonais face aux systèmes importés, l’élection de Jean-Paul II, premier Pape polonais en 1978, qui donna aux Polonais la certitude que leur combat ne pouvait que réussir, et surtout aussi la succession de Leonid Brejnev en URSS par des politiciens plus libéraux : Youri Andropov de 1982 à 1984, et surtout Gorbatchev et sa Perestroïka à partir de 1985. [caption id="attachment_82054" align="alignright" width="300"] 2. Lech Valesa haranguant des membres du Solidarnosc.[/caption] Consensus Le pouvoir polonais mené par le général Jaruzelski, surnommé « l’homme qui ne sourit jamais » derrière ses lunettes noires, tentait un coup de force entre 1981 et 1983, en décrétant l’état de siège et en arrêtant toute la direction de Solidarnosc, donc Lech Walesa. Mais celui-ci recevait en octobre 1983 le Prix Nobel de la Paix, ce qui lui donnait une stature internationalement reconnue, et faisait désormais de lui un interlocuteur incontournable. Malgré sa popularité grandissante, Solidarnosc recherchait encore le « marimaritra iraisana » ou consensus avec les communistes : « L’Église nous conseille d’être toujours modérés, de toujours trouver un compromis. C’est nous qui modérons la population, sans nous il y aurait déjà une révolte populaire. » Cela lui sera reproché plus tard par d’autres tendances politiques, également issues de la résistance, qui iront même jusqu’à accuser Walesa de n’avoir été qu’un pion des communistes. Toujours est-il que les élections de juin 1989 furent un véritable triomphe pour Solidarnosc, ce qui a fait dire à l’historien britannique Timothy Garton Ashe : « Si Solidarnosc avait inscrit un âne sur sa liste électorale, l’âne aurait été élu. Et si le Parti Communiste avait proposé Dieu comme candidat, Dieu aurait perdu. » Lech Walesa devient président de la République, mais paradoxalement, cette victoire de Solidarnosc sonne la fin de la belle unité des résistants. Le parti ultraconservateur Droit et Justice (PiS) des frères jumeaux Kaczynski , qui gagne à son tour les élections de 2005, rompt par exemple toutes les attaches. Dépité, Lech Walesa démissionne en 2006 du syndicat qu’il accuse d’avoir fait le jeu du PiS. Plus rien ne va plus, puisque une des mesures prises par Droit et Justice une fois au pouvoir, sera d’enlever des tablettes officielles la commémoration des élections pourtant historiques de juin 1989. Mais on n’efface pas aussi facilement tout un pan de l’histoire. À Gdansk, berceau de Solidarnosc, le Musée baptisé Centre européen de la solidarité ouvre toujours ses portes. Filip, un jeune guide nostalgique d’un passé qu’il n’a pas connu dit : « C’est comme si cette exposition racontait un peu la vie de mes grands-parents. Mon grand-père dirigeait un internat de garçons. Pendant la grève, les pensionnaires ont fait le mur et sont partis rejoindre les grévistes et lancer des pierres sur la police. Mon grand-père a eu très peur, car il était responsable de ces enfants. On est ici en plein cœur de l’histoire de la Pologne. » Son collègue Andrzej est plus critique, plus amer : « Le PiS a déformé notre histoire. Mais ce n’est qu’un parti, et aux prochaines élections, s’ils perdent, nous reviendrons. » Au centre d’une salle est exposé un camion de police avec, à sa droite, des boucliers de protection des forces de l’ordre. Et sur le mur à gauche, une grande photo, celle de Lech Walesa. SORABE - Écrits d’hommes, paroles de Zanahary Manakara, Vohipeno, Farafangana, Vangaindrano, le Sud-Est de Madagascar est évoqué avec respect comme étant un pays d’érudits à qui Dieu a transmis à la fois sa parole et une partie de ses pouvoirs. Ce legs du Zanahary-Créateur est consigné dans des manuscrits appelés Sorabe ou parfois aussi Sora-drazana, soigneusement protégés. Les racines des Sorabe se perdent dans la nuit des temps, quand des vagues successives de migrants islamisés débarquèrent sur les côtes malgaches, principalement entre le Xe et le XIVe siècle. Après avoir touché terre, probablement du côté de Vohémar, des groupes d’arrivants descendaient vers le Sud, emportant avec eux leur Livre sacré en caractères arabiques. Vohipeno et l’estuaire de la Matitanana seraient ainsi le berceau des Antemoro, dont le nom évoquerait pour certains une île sur l’itinéraire emprunté, Mahory (Mayotte). Ils se sont, au fil du temps, répartis en plusieurs royaumes et castes. Quatorze Sorabe sont ainsi précieusement gardés sur les rives de la Matitanana, provenant des « Volagna » ou paroles des Onjatsy, des descendants d’Arabes de Médine. Les Anakara, une caste des Antemoro très versée dans l’art de la divination, descendent pour leur part de la troisième vague, et ont donné à l’histoire de Madagascar de grands personnages comme Andriamahazonoro qui enseigna au roi Radama les rudiments du Sorabe. Longtemps avant l’avènement du christianisme, on attribue également aux devins antemoro la réalisation de certaines idoles royales de l’Imerina, dont la plus crainte, Rakelimalaza. Car les Sorabe contiennent des formules magiques permettant de lancer ou de conjurer des sorts, de guérir toutes les maladies, de commander les esprits. Plus prosaïquement, on y trouve également de précieuses informations sur l’histoire des Antemoro et la généalogie de leurs rois. Les gardiens attitrés des Sorabe sont les Katibo, qui ont pour première obligation de s’imprégner profondément des écrits sacrés. Ils s’astreignent à une discipline de vie très stricte, qui leur interdit notamment de consommer de l’alcool ou de la viande de porc, ainsi que de répandre du sang. Il leur est aussi proscrit de toucher les manuscrits sans s’être purifiés par des ablutions rituelles. Il est permis de se demander comment, malgré toutes ces précautions, des exemplaires de Sorabe ont pu parvenir dans des lieux comme la Bibliothèque Nationale de France… Un texte, consigné dans un Sorabe, décrit en ces termes le séjour céleste des élus : « Là-bas, ils n’aimeront que le Bien, et ne connaîtront plus de tracas. On leur fera épouser des houris aux yeux noirs et ils habiteront dans des palais. Ils auront des vêtements très épais et des vêtements très fins. Leurs jambes seront toujours bien droites. Le paradis est pavé de perles grandes et petites, le sable y est parfumé au musc et à l’ambre. L’herbe est de safran, et l’eau des fleuves ne se corrompt jamais… » [caption id="attachment_82058" align="alignright" width="300"] 6. Des touristes en canot admirent le magnifique saut d’une baleine à bosse près de l’ile Sainte-Marie.[/caption] MER - Bientôt la saison du whale watching Fidèles à leurs habitudes, les baleines à bosse pourront de nouveau être observées dans les eaux malgaches après s’être gavées de krill dans l’Antarctique. C’est un moment très attendu, qui attire des touristes du monde entier venant admirer le ballet aquatique des cétacés. Cette observation ne se fait pas de n’importe quelle manière, mais est régie par un Code de bonne conduite mis à la disposition des opérateurs touristiques des principaux hots spots où elle se pratique. Une lecture de ce Code nous apprendra, entre d’autres dispositions, que la distance minimale d’observation est de 100 mètres pour un groupe de baleines adultes, et de 200 mètres pour une mère et son baleineau qu’il ne faut jamais séparer. L’approche des baleines se fait par le flanc arrière, et jamais de face. Il ne faut jamais leur couper la route. La durée d’observation n’excèdera pas soixante minutes au terme desquelles on évitera de redémarrer brusquement, et de changer tout aussi brusquement de direction et de régime du moteur. À l’intention des inconscients avides de sensations fortes, il est formellement interdit de nager avec les baleines et de les toucher. [caption id="attachment_82056" align="alignleft" width="300"] 5. Photo-souvenir de jeunes policiers avec la Mascotte des J.O. de Chine.[/caption] [caption id="attachment_82057" align="alignright" width="300"] 4. Cinq Pandas mascotte des Jeux de 2008, forment l’un des cinq cercles olympiques.[/caption] Rétro pêle-mêle Et Beijing devint la capitale de la planète Terre ! C’était en 2008 quand, malgré les nombreux sujets qui fâchent, la Chine organisa les Jeux Olympiques avec une maestria devant laquelle on ne peut que s’incliner. Côté sécurité, un manuel anti-terroriste était largement diffusé auprès de la population, détaillant trente-neuf situations allant de la prise d’otage à l’utilisation d’armes chimiques. Des missiles anti-aériens étaient installés à proximité des sites, et des unités massives de l’armée déployées autour de la ville. Une démonstration de force qui dépassait les seuls besoins des Jeux, aussi impératifs soient-ils. Concernant l’épineux problème du libre accès des journalistes à Internet, les Chinois appliquèrent, avec l’inquiétant sourire poli dont ils ont le secret, l’adage « faites comme chez vous, mais n’oubliez pas que vous êtes chez nous ». Autrement dit respectez nos lois, ne cherchez pas à importer les vôtres. À bon entendeur. Les délégations les plus prévenantes se sont, pour leur part, préparées à la bien connue pollution pékinoise. Les athlètes japonais, au nombre de six cents, n’ont pas omis de s’équiper en masques. Du côté de la délégation française, chaque athlète a été doté d’un flacon d’huile essentielle malgache. Une délicate attention qui nous a fait honneur… Lettres sans frontières: Son nom bétanimène Qu’importe à mon amour son nom bétanimène Mon cœur est un maskar qui de partout fait songe L’oiseau saigne sous les lataniers de la reine Il encage en lieu sûr le soir et son emphase Lémure la mémoire exhaustive vers l’étoile Je lis ce plus vieux spleen de rive à ses chorales Naissez ô gondwanies sous les pluies diluviennes Renaissez et comptez les longs échos de mer De sous les siècles chus j’exhume l’ossuaire Des amants qui n’ont plus d’autre exil qu’eux-mêmes Croissez ô cris de l’homme en leur éternité Où mon île a brisé le ciel de ses salazes  
Plus récente Plus ancienne