Crise sectorielle - Les acteurs du tourisme asphyxiés


Le secteur touche le fond. À bout de souffle, les acteurs du tourisme tentent de trouver une échappatoire. En sanglot, la tête baissée, les groupements membres de la Confédération du Tourisme de Madagascar (CTM) ont fait entendre la voix des employés qui subissent les impacts de la crise sanitaire. Avant-hier, dans les locaux de l’Institut national de tourisme et d’hôtellerie à Ampefiloha, ces gens du tourisme ont laissé éclater tant tristesse, colère qu’incompréhension face à la situation actuelle de leurs secteurs. « Nous sommes à terre, nous souhaitons connaître les réponses de l’État par rapport à nos demandes, nous souhaitons vous faire part de la situation mondiale de notre secteur et la situation que vivent les personnes du secteur tourisme face à cette cris e, nous voulons converger avec l'État sur des solutions pérennes » pouvait-on entendre dans la grande salle de l’INTH. Ils étaient des centaines à exprimer leur désarroi et leur mécontentement. Le secteur du tourisme est le plus sinistré avec cette crise sanitaire dans la mesure où les impacts s’y sont fait ressentir bien des mois avant l’avènement même du virus au pays. « Nous avons tant attendu des mesures pour la survie de nos collaborateurs dans les discours officielles de ces derniers temps mais pas une ligne concernant notre secteur » déplore un membre de la confédération. Selon le rapport exposé par le bureau exécutif de la Confédération du tourisme, près de quarante mille emplois directs et un peu plus de trois cent mille emplois indirects sont en péril. Plan de mitigation? Environ deux mille milliards d’ariary de perte de chiffre d’affaires pour les entreprises du tourisme et huit cent milliards d’ariary pour les entreprises indirectes. Soit un manque à gagner estimé à six cent vingt millions de dollars pour cette année rien que pour ce secteur. Le chômage technique que ce soit partiel ou total pointe son nez. « Ce mois de mai sera la dernière paie pour nos collaborateurs que notre trésorerie sera à même de supporter sans envisager des coupes budgétaires drastiques où quasiment la fermeture définitive de notre établissement. Notre seul espoir reste les aides sociales que devraient recevoir nos collaborateurs en difficulté» nous confie un hôtelier de la capitale. L’idée de la promotion du tourisme local est à mettre aux oubliettes pour le moment avec la situation d’urgence sanitaire qui prévaut. « À supposer que la situation revienne à la normal d’ici quelques mois, il sera encore difficile de promouvoir un concept de tourisme local en bonne et due forme. Habituer le touriste malgache à recourir à un circuit classique de tour opérateur, hôtel et guide reste encore une utopie pour nous professionnels du secteur. D’un autre côté, le plan de mitigation qu’on nous avait promis en début de crise n’est toujours pas mis en place » s’insurge un tour opérateur spécialisé dans les circuits sur mesure. L’intérêt commun de ces professionnels réside toujours dans l’objectif de maintenir autant que possible les emplois de tous leurs collaborateurs. Étant le troisième pourvoyeur de devises pour le pays après les mines et la pêche, le secteur touristique représente près de quatre cent mille emplois directs dans la grande île.
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