Des loyers modérés pour anciens habitants de taudis


Pour satisfaire les besoins de l’hygiène et de la salubrité dans la ville d’Antananarivo, les techniciens, les autorités municipales surtout, des années 1950 estiment qu’il faut augmenter les possibilités de débit de l’Ikopa. Cette rivière, soutiennent-ils, ne pourrait, « dans les conditions actuelles », évacuer l’afflux important des eaux pluviales amenées par les nouveaux conduits. « C’est là le problème initial du quartier de Tsaralalàna qui est à résoudre en premier lieu. » En matière de voirie, ils proposent de construire une cité à loyer modéré, afin de recevoir les habitants des taudis, en particulier ceux logés près des marais. « Démolir ces masures, remblayer les terrains ainsi libérés sur lesquels on pourrait alors bâtir des cités à loyer réduit pouvant recevoir la population de ces quartiers insalubres. » Ensuite, ajoutent-ils, il faut créer de nouvelles voies appropriées aux besoins actuels de l’habitat et de la circulation. La municipalité décide d’ailleurs de contracter un emprunt de 110 millions pour en construire 6,900km. Parallèlement, il est indispensable de prendre les mesures nécessaires afin de permettre l’accès « en tous lieux » aux véhicules chargés de l’enlèvement des ordures. Et surtout, ils réclament l’application, « dès que possible », par tranches successives du plan d’urbanisme d’Antananarivo (lire précédente Note) en tenant compte des problèmes financiers qui résultent de la création des zones vertes et des secteurs interdits à la construction. « Les établissements industriels ne devront pas déborder du secteur qui leur est réservé », précisent-ils. Concernant les constructions publiques et privées, il est noté que chaque mois, en moyenne cent soixante dix demandes d’autorisation de construction sont déposées, pendant le premier semestre 1955. « Le corps des architectes est largement représenté à Tananarive et il y a lieu de persuader le public de s’adresser à des hommes de l’art pour étudier les constructions en vue d’éliminer certaines conceptions inesthétiques, inconfortables, voire même antihygiéniques et malsaines. » À ce propos, la municipalité ouvre un concours adressé aux architectes pour obtenir des modèles de petits et moyens immeubles qui seront mis à la disposition des habitants. « Sous certaines conditions, les usagers pourront s’inspirer de ces modèles pour leurs projets de construction. » Le concours, d’une valeur totale de 250 millions francs, porte sur des projets de villas de deux, trois et quatre pièces, toutes doublées de dépendances. Dans un autre domaine, celui de l’adduction d’eau et d’électricité, il est spécifié dans le contrat de la société concessionnaire que les usagers paieront 70 à 80% des frais nécessités par l’adduction d’eau ou la distribution du courant électrique. Un programme d’extension est ainsi élaboré avec l’accord de la société Eau et Électricité de Madagascar (EEM) dans l’objectif de fournir les quartiers pas encore alimentés en eau et électricité à compter de 1957. Pour ce faire, la municipalité contractera un emprunt de 40 millions auxquels s’ajoutera une deuxième tranche de 47 millions qui feront l’objet d’inscription aux budgets commerciaux de 1956 et 1957. Enfin, un autre sujet, celui des améliorations apportées au corps des sapeurs-pompiers municipaux. À l’origine, leur effectif est de soixante cinq hommes. Depuis sa création, il est porté à soixante treize hommes et sous-officiers ainsi que cinq officiers dont trois Européens. Ces derniers ont acquis leurs connaissances en servant dans le régiment des sapeurs-pompiers parisiens. Ce corps de la protection civile est alors doté d’un matériel moderne, capable de répondre aux besoins pressants et à ceux d’une ville plus importante encore. Pour la dernière moitié des années 50, différents projets sont à l’étude qui « seront mis en chantier au fur et à mesure de la mise au point des dossiers » : un centre social à Isotry pour 32 millions de francs, les marchés de quartiers à Andravoahangy et Ambohi­manarina pour une somme totale de 40 millions. Et une somme de 200 millions de francs est affectée au poste « égouts » au fur et à mesure des mises au point des projets. Texte : Pela Ravalitera - Photo : Archives personnelles
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