Défense de savoir


Ahurissant. Le mot n'est pas assez fort pour qualifier la démolition, la semaine dernière de l'école primaire publique à Androranga dans la ville de Toamasina. Un établissement construit par le Rotary international, il y a vingt ans, pour un montant de plus de 400.000.000 mil­lions d'ariary. Voilà une décision qui ne justifie pas et que personne ne pourra admettre quel que soit le motif. Qui plus est, dans une région où une école est un luxe et dans un pays où plusieurs endroits n'ont pas d'école ou au mieux des écoles sans mur ni bancs. Et quand la raison évoquée a trait à une réquisition du terrain par un opérateur ayant un projet économique, on sent la révolte monter depuis les tripes. Ce qui laisse un relent d'une affaire de gros sous. Un État qui se vante de faire de l'Éducation une de ses priorités, même s'il n'en consacre qu'une infime partie de son PIB, ne doit pas permettre un tel crime. Jusqu'ici ni le chef Cisco de la région concernée, ni le ministère de l'Éducation nationale n'a bougé le petit doigt pour empêcher un tel assassinat. C'est l'avenir de milliers d'élèves, de la jeunesse de toute une région qu'une décision aussi inepte et aberrante met en péril. C'est comme si on laissait toute une génération dans le monde des ténèbres, comme si on voulait lui fermer l'accès au savoir. Or l'État, à travers le ministère de l'Éducation nationale, aurait dû tout faire pour tout arrêter, quitte à déclarer d'utilité publique, et c'est absolument le cas, ce terrain. Au pis aller, trouver un autre terrain pour l'opérateur si son projet est d'une importance aussi capitale que l'éducation. On est là en face d'une belle contradiction entre les objectifs du ministère de l'Éducation. C'est bien d'entamer des réformes pour une meilleure efficacité de l'éducation, c'est mieux de penser d'abord à la qualité des infrastructures et au niveau des enseignants. On aura beau faire la plus belle réforme, il n'y aura aucun résultat si les enseignants restent au niveau de compétence où ils se trouvent actuellement selon le dernier rapport de la Banque mondiale. La réforme doit d'abord concerner le mode de recrutement des enseignants ainsi que leur formation. C'est plus important que le calendrier scolaire dont le changement impacte peu sur les résultats des élèves comme cela a été prouvé par les expériences antérieures. Mais comme les réformes ont leur raison que les élèves ignorent, il faut faire avec, surtout qu'il s'agit peut-être d'une exigence des bailleurs de fonds. Un raisonnement primaire, certes, mais  qui peut se justifier face à toutes ces décisions parfois incompréhensibles sinon intempestives. Par Sylvain ranjalahy
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