Le ministre de l'Éducation nationale évoque les points essentiels du Plan Sectoriel de l’Éducation. Une enquête menée par la Banque mondiale a montré, récemment, que l'éducation à Madagascar est mal en point. Comment sommes-nous arrivés à cette situation ? On peut l'interpréter par les différentes étapes de l'histoire de l'éducation à Madagascar. C'est d'abord un héritage du système français. Dans les années 1970, il a été remplacé par la malgachisation. Quelques années plus tard, il a été constaté que ce fut un échec. Nous avions repris l'ancien système. En 2004-2005, nous nous sommes engagés dans l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), dont l'Éducation pour tous (EPT). L'objectif étant d'augmenter le taux d'insertion scolaire. Plusieurs salles de classe, tout équipées, ont été construites. En contrepartie, la communauté locale devait s'engager à embaucher des enseignants, car il en manquait dans ces nouvelles infrastructures. C'est là que les enseignants FRAM sont apparus. Les parents d'élèves les rémunèrent, à raison de 30 000 ariary par mois. C'est l'incompétence de ces enseignants qui a été décriée dans le rapport de la Banque mondiale. Ils sont dépourvus du minimum de notion pédagogique. C'est là donc que se pose le problème. Allons-nous garder ce système éducatif Notre rôle est, maintenant, de définir notre système éducatif pour avoir de meilleurs résultats, lors des prochaines évaluations. La compétence des enseignants FRAM est fortement critiquée. Malgré cela, l'État continue de leur confier l'éducation… Il faut déjà comprendre pourquoi le niveau de ces enseignants est lamentable. C'est pour cela que je vous ai parlé du choix du temps de l'ancien Président Marc Ravalomanana, c’était un choix sur le contenant. Et évidemment, lorsqu'on se focalise sur le contenant, le contenu est délaissé. Ces enseignants n'ont pas bénéficié de formation, ce sont les intellectuels du village, dotés d'un diplôme de CEPE, du BEPC ou du baccalauréat tout au plus. Mais qui voudrait exercer cette fonction avec un salaire de 30 000 ariary En 2015-2016, nous avons organisé une formation de masse, à raison de 50 000 enseignants formés en 2015 et 60 000 en 2016. C'était une grande première. Quelle qualité espériez-vous dans ce cas En tout cas, nous avons fait un choix, nous avons misé sur le recrutement de tels enseignants. C'est un pari à faire car ils ont démontré une certaine persévérance et une disponibilité à enseigner nos enfants pendant de longues années, malgré leur maigre salaire. Autrement, nous n'aurions aucun enseignant et plus de trente mille écoles devront être fermées. Par ailleurs, tous les sortants de l'Institut national de formation pédagogique (INFP), près de quatre mille ont tous été recrutés, mais les besoins frôlent les cent mille enseignants. Vous avez parlé de formations. Sont-elles suffisantes pour redresser le niveau des enseignants ? Certainement pas. Mais ces formations sont continues. Chaque année, nous procédons à une formation de masse. Celles qu'on a effectuées depuis 2014 étaient des formations initiales et accélérées, pendant à peu près six semaines. Ce n’est pas du tout suffisant, mais au moins, il y avait cela. Mais cela doit être une formation continue, en cascades, avec des évaluations, des auto-évaluations, des animations au niveau des zones d'administration et pédagogiques (ZAP), c'est pour cela qu'on a doté les chefs ZAP de motos. Quel est ce Plan Sectoriel de l'Éducation (PSE) mis en avant, actuellement ? Le PSE est un plan mis en œuvre par les ministères de l'Éducation nationale (MEN), de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique (MENRES), et de l'Enseignement technique et de la formation professionnelle (METFP). La question fondamentale sur le système éducatif est le profil de sortie. Quelles sont les attentes des parents en scolarisant leurs enfants Quel est le sens de l’éducation à Madagascar, car apparemment, elle n'en a plus de nos jours Si vous comparez les diplômés et les sans diplômes, par exemple, il n'y a plus de différence. Si cela se trouvait, l'éducation perdrait sa valeur et on pourrait s’en passer. Et çà, c’est grave.
