SESSION PARLEMENTAIRE - La majorité mise à l’épreuve


À l’instar de la conjoncture politique, la session parlementaire à venir risque d’être également tendue. Elle sera surtout l’occasion de jauger la majorité présidentielle autant dans le nombre que la cohésion. Un sentiment de déjà vu. Le scénario actuel rappelle en effet le parfum des premiers mois de l’année 2018. Une année où il y avait une élection présidentielle au bout, également. Une année où une composite de soixante-treize députés avaient fait vaciller l’Exécutif. Une mini-crise politique qui, sur injonction de la Haute cour constitutionnelle (HCC), avait débouché sur un “gouvernement de consensus”. Cette année encore, l’Assemblée nationale pourrait être le théâtre, ou bien la rampe de lancement des joutes politiques. La finalité, pour chaque camp, sera de s’arroger le maximum d’atouts pour gagner la course à la magistrature suprême. Des jeux politiques durant lesquels le nombre et la cohésion de la majorité présidentielle seront mis à l’épreuve. La motion de censure décochée contre le gouvernement en décembre, et les péripéties qui s’ensuivirent ont révélé, au moins, un malaise au sein de la majorité. Dans la continuité de la fronde contre le gouvernement, des députés d’opposition ont ciblé le président de la République en demandant son “empêchement”, par le truchement du Haut conseil pour la défense de la démocratie et de l’État de droit (HCDDED). Il est probable que ces élus reviennent à la charge dès la première session parlementaire qui démarrera en début mai. Ceci, bien que Christine Razanamahasoa, présidente de l’Assemblée nationale, au début du mois, face à la presse, ait affirmé que la motion de censure n’est plus d’actualité. Seulement, la réponse de la boss de la Chambre basse a été nuancée. “Nous ne sommes pas maîtres de demain. Pour l’instant, aucune motion de censure n’est dans les esprits”, a-t-elle déclaré. Une porte ouverte à toute éventualité qui pourrait indiquer une certaine appréhension face au changement de configuration au sein de l’institution de Tsimbazaza. Plusieurs députés du groupe majoritaire IRD, ont en effet signé la tentative de motion de censure de décembre, avant qu’elle ait été court-circuitée par le bureau permanent. En cette année électorale, tout acquis politique est relatif. En 2018, ce sont des députés du groupe majoritaire qui ont gonflé les rangs des élus d’opposition pour tenter d’évincer le président de la République de l’époque. Dans une interview publiée dans le quotidien Ao Raha, ce jour, le député Paul Bert Velontsara, président du groupe parlementaire IRD, assure cependant que la majorité a tourné la page sur “les confusions et les malentendus de décembre”. Des défections L’élu du district de Port-Bergé affirme du reste qu’ils sont quatre-vingt-dix au sein du groupe IRD et “nous sommes toujours entièrement acquis au soutien au président de la République et à sa politique”. Les députés Oranges auront l’occasion de démontrer cette force et cette cohésion “intactes”, lors de la prochaine session parlementaire. Outre préserver l’Exécutif de nouvelles frondes pour le fragiliser en vue de la présidentielle, la majorité devra aussi être en back-up de l'incontournable projet de loi de finances rectificative. Il faudra aussi que les Oranges fassent preuve d’une force politique suffisante pour répliquer à l’opposition qui insiste et vocifère pour la conclusion d’un accord politique préalable à la course à la magistrature suprême. Le chiffre dit par le député Velontsara indique qu’il y a eu des défections dans les rangs de la majorité. Au regard de la liste des membres des groupes parlementaires sur le site web de l’Assemblée nationale, ils étaient plus de cent à la base. En vue de la présidentielle, des membres du groupe IRD tombent leur masque ou ont choisi leur camp. Il y a notamment le député Siteny Randrianasoloniaiko, qui sera probablement candidat. À ses côtés, il y a d’autres élus IRD comme Jean Jacques Rabenirina, Irénée Djaosera et Ahmad Mohamad. Un des grands absents du déplacement du Chef de l’État à Toliara, dernièrement, le député Jean Rabehaja, autre élu de Toliara I, prendrait aussi ses distances avec le groupe IRD et le pouvoir. Certains s’interrogent aussi sur le camp que choisira le député Brunelle Razafintsiandraofa, vice-président de l’Assemblée nationale. D’autres figurent du groupe IRD, eux aussi réputés fidèles d’entre les fidèles du président de la République, tiennent par ailleurs des discours virulents contre le gouvernement, ou du moins certains de ses membres. “C’est le droit et le rôle des députés de contrôler les actions gouvernementales et de rappeler à l’ordre le cas échéant”, tempère cependant Paul Bert Velon­tsara, pour dire que c’est le propre d’une démocratie. Des députés indépendants au sein du Groupe parlementaire uni pour la République (GPR), allié de l’IRD, ont aussi pris la tangente vis-à-vis du pouvoir. Les plus en vue sont les députés Jean Eugène Voninahitsy, Harson Raholijaona, ou encore Rasidimanana et Eléonore Johasy qui ont respectivement rejoint des aspirants à la présidentielle. Certains d’entre eux, hauts parleurs, multiplient les sorties fracassantes. La prochaine session révélera alors si les Oranges sont toujours ce rouleau compresseur politique irrépressible ou non.  
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