Toliara - Six hommes abattus dans les mangroves


Des trafiquants de concombre de mer se sont heurtés aux gendarmes. Six d’entre eux ont trouvé la mort pendant la fusillade qui a suivi. Une onde de choc s’est abattue dans les mangroves de Saint Augustin à Toliara II. Dans la soirée d’avant-hier aux alentours de 20 heures, le site d’élevage de concombre de mer d’une société d’exportation, sise dans le village côtier d’Ankilibe, a été le théâtre d’une fusillade meurtrière. Le bilan fait état de six morts après qu’une centaine de personnes ont investi le site pendant la marée basse, pour ramasser les concombres de mer de l’entreprise. « Se targuant de ne pas craindre les forces de l’ordre, les voleurs ont fait des tirs nourris en guise d’intimidation. Un affrontement a, du coup, éclaté », lance le colonel Cyr Zafiali­son, commandant du groupement de la gendarmerie nationale de la région Atsimo Andrefana. Blessé par balle, un individu qui était parmi la horde de voleurs est placé en observation médicale au centre hospitalier de Toliara. Trois autres personnes, dont une adolescente, se sont, pour leur part, fait prendre vivantes. Leurs comparses ont, par ailleurs, réussi à s’évanouir dans la nature. Après l’accrochage, la gendarmerie a fait un ratissage mais les fuyards ont disparu dans la pénombre. Les malfaiteurs avaient déjà rempli à ras bord vingt-trois sacs en polypropylène avant que les balles ne sifflent aux oreilles. Fuite Emportés par la panique, ceux qui n’étaient pas armés ont évacué les lieux en un éclair pendant que la gendarmerie donnait du fil à retordre à leurs congénères prêts à en découdre. Egale­ment connue sous l’appellation de holothuries ou trepangs, les concombres de mer sont très appréciés en Chine et à Singapour, de l’océan Indien au Pacifique, en passant par l’Indonésie. Le prix du kilo affiché sur le marché extérieur s’élève à cent euros, soit l’équivalent de quatre cent mille ariary pour l’espèce la plus recherchée, contre trois euros, soit douze mille ariary pour la moins chère. Vidées, bouillies, séchées ou fumées, elles se hissent dans les menus raffinés d’établissements hôteliers de prestige. Faisant l’objet d’élevage et de pêches quasi-intensives, les holothuries sont exportées vers plus de soixante-dix pays. Le rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimen­tation et l’Agriculture (FAO) révèle que depuis la fin des années 1970, la consommation mondiale de concombres de mer est passée au dessus de la barre des 25 000 tonnes par an. Et bien sûr, la Grande île, par le bais des entreprises basées dans les zones côtières, a percé ce juteux marché, dont les prix d’or affichés suscitent, d’une part, l’engouement des exploitants, et excitent, d’autre part, les voleurs qui n’attendent qu’à sévir. Les dépouilles des personnes abattues ont été laissées aux bons soins de leurs familles respectives.
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