Enquête - Mauvaise note à l’éducation de base


Une étude révèle les failles du système de l’éducation malgache. De très graves lacunes autant en termes de connaissances que de capacités pédagogiques sont détectées chez les enseignants. Des chiffres qui font froid au dos. Les lacunes du système de l’éducation à Madagascar ont été mises à nu par l’enquête sur les indicateurs de la prestation de service (IPS) réalisée en 2016. Cette étude révèle l’incompétence de plusieurs de nos enseignants. « Près de 20% des enseignants n’ont pas réussi à effectuer une soustraction de nombres à deux chiffres et 55% n’ont pas réussi non plus à additionner des nombres décimaux », affirme l’étude présentée au public, hier, dans les locaux de la Banque mondiale, à Anosy. Choquant mais malheureusement la triste réalité. Les résultats de cette évaluation faite en avril-juin 2016 et concernant près de 2 500 enseignants mettent en évidence les carences dans l’édu­cation malgache. Seul un enseignant du primaire sur 1000 maîtrisait 80% du programme de huitième. « En français, lorsqu'il leur a été demandé de corriger une lettre contenant 22 fautes de ponctuation, de capitalisation, de vocabulaire ou autres, les enseignants n'ont relevé que 1,7 faute en moyenne », selon l'enquête. En effet, sur ce test réalisé dans le cadre de l’enquête IPS, les enseignants devaient obtenir un score minimum de 80%. En mathématiques, seuls 6,3% des instituteurs ont obtenu le score minimum requis. En français, il n’y en a eu aucun. Globalement, les enseignants FRAM, payés par les parents d’élèves, en particulier ceux qui sont subventionnés, ont eu des résultats significativement inférieurs. Les enseignants à Mada­gascar accusent de très graves lacunes tant en termes de connaissances que de capacités pédagogiques. La majorité n’ont ni les connaissances académiques ni les compétences pédagogiques nécessaires pour enseigner. Inquiétant « En moyenne, les enseignants n’ont obtenu que 24 points sur 100 en pédagogie, traduisant leurs difficultés à préparer correctement un plan de cours (34%), à évaluer correctement l’écriture des enfants (18%) et à utiliser les scores des élèves au test pour tirer des conclusions sur les modes d’apprentissage en classe (9%)», indique l’étude. Pire encore, nos enseignants affichent non seulement des faiblesses dans la pédagogie et de la connaissance mais sont aussi des abonnés à l’absentéisme. D’après cette étude, les élèves ne bénéficient que de 39% du temps d’enseignement prévu. Alors que le temps d’enseignement programmé est de 5h 12 mn, le temps d'enseignement en classe est seulement de 3h 09 mn, à cause de l'absence des enseignants dans la salle de classe. 31% des enseignants n'étaient pas à l'école lors de la visite des enquêteurs. 10% des enseignants à l'école sont absents, et lorsqu’ils sont en cours, les enseignants passent environ 4% de leur temps à des activités non-pédagogiques. Ces chiffres varient selon la présence ou l'absence du directeur d'école dans l'établissement. Devant ce tableau très sombre, l’éducation nationale s’efforce de renverser la tendance à travers la mise en place d’une réforme. « Le ministère de l'Éducation nationale est en cours de finaliser le plan sectoriel de l'éducation 2018-2022. La formation des enseignants et le renforcement de l’encadrement pédagogique de proximité sont parmi les grandes priorités. La révision des curricula et celle du calendrier scolaire font partie des réformes pour améliorer la qualité de l’éducation fondamentale », avait déclaré Rolland Justet Rabeson, secrétaire général du ministère de l’Education nationale. En dépit d’avoir un environnement d’apprentissage médiocre et des enseignants moins compétents, les élèves affichent une meilleure performance. Contrairement à leurs enseignants, ils ont de meilleurs résultats en mathématiques (57%) qu’en français (44%). Lova Rafidiarisoa
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