Texto de Ravel - La force de la gratitude


« Un jour de plus est un jour de moins » disait un certain monsieur Francoeur. Un jour de plus est un jour de moins au compteur de la vie qui ne peut aller dans le sens contraire d’une montre. Nous voyons le temps filer entre nos mains. Nos rides et nos cheveux blancs viennent en témoins muets du parcours irréversible. Comme le chante si bien Charles Aznavour: « (…) hier encore j’avais vingt ans, je gaspillais le temps en voulant l'arrêter et pour le retenir, même le devancer ». Des fois on a juste envie que le temps cesse de se dérouler sous nos pieds comme un tapis de course dont on ne maîtrise ni la vitesse ni le parcours. Ignorant le passé, conjuguant au futur sans pourtant vraiment exister dans le présent car la course folle de la vie nous presse tel des pantins dans le grand bal des traintrains du quotidien. Et un jour on se réveille et on se rend compte qu’au fond, multiples ont été les courses vaines que nous avons parcourues. Vincent Poscente dit que la gratitude est l’ingrédient par excellence qui donne à notre vie une saveur de plénitude. Ceux qui donnent ne doivent pas se rappeler, mais ceux qui reçoivent ne doivent jamais l’oublier, selon un proverbe juif. Car ceux qui reçoivent ont tendance à vite oublier et la gratitude n’est que temporelle. Un jour de plus et finalement un jour de plus pour dire merci et pour savourer le moment présent. Carpe diem disait Horace. « Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain» car demain ne t’appartient pas. La gratitude est non seulement la plus grande des vertus, mais aussi la mère de toutes les autres. Exerçons-la chaque jour. Dans la vie, on est trop souvent malheureux de tout ce que l'on ne possède pas. Ce n’est pas le bonheur qui nous remplit de gratitude, mais bien la gratitude qui nous remplit de bonheur. Rien de plus vrai dans la mesure où si on n’est pas capable d’être heureux avec ce que la vie nous donne aujourd’hui, on ne sera jamais capable de l’être avec encore plus de bienfaits. La gratitude est une porte ouverte à ce que l’univers, Dieu ou ce que nous croyons nous donne plus de leurs bénédictions. La vie est parsemée de haut et de bas, c’est ce qui fait son charme. Derrière chaque passage difficile réside une leçon à apprendre qui nous fait grandir. Chaque prénom, chaque nom est pour un Malgache un livre d’histoire retraçant un pont de sa vie ou celui de sa famille. Un 22 janvier, une petite fille du nom de Mbolatiana est née. Un prénom qui en dit long sur le jour de sa naissance. Mbolatiana a été nommée ainsi car elle aurait été laissée sans nom par son père à l’hôpital. Les choses se seraient passées ainsi car elle est née fille ! En ce temps, les mœurs voulaient qu’un couple ait à tout prix un garçon. Mais aucun enfant ne peut décider de son sexe à la naissance. Celle qui porte le prénom qui signifie « encore aimée» (malgré qu’elle soit une fille) n’a pas choisie d’être ce qu’elle est. Un prénom qui en dit long et la gratitude d’avoir à le porter est immense. Une histoire surement banale car de nombreuses autres femmes, filles Malgaches pourront vous dire qu’elles aussi, elles ont eu à supporter ou supportent encore ce fardeau d’avoir été née fille. Un 22 janvier, un dimanche banal, dans un hôpital de la ville d’Antananarivo, une « histoire banale » a donné naissance à une féministe qui lutte pour que chaque fille, femme soit une richesse. Une pensée pour mon père. Qu’il repose en paix.
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