Les Antankarana demandent l’aide extérieure


Pour faire face à l’invasion merina, le roi Tsimiaro et la reine Tsiomeko signent une convention avec le sultan de Mascate, Seyid-Saïd : ils placent leurs pays sous la suzeraineté de ce dernier qui s’engage à chasser les Merina (lire précédente Note). Le 4 novembre 1838, le sultan envoie un navire de guerre avec quelques soldats et des munitions. Un fort est érigé en face de Nosy Be, à Ambavatobe. De leur poste d’Anorontsagana, les Merina (environ deux cents soldats) l’attaquent le 5 mars 1839, mais ils sont repoussés. Mais le vaisseau arabe repart à Zanzibar et de nouveau les Sakalava sont abandonnés à leurs propres forces. Ils se réfugient en masse à Nosy Be avec Tsiomeko qui, depuis juin 1837, est déjà à Nosy Komba. Entretemps, Tsimiaro expédie un autre messager, cette fois, à l’île Maurice pour demander l’aide du gouvernement anglais, sans résultat. Peu après, le Colibri, un navire français, vient mouiller à Nosy Be. À son bord se trouve le capitaine Passot que l’amiral de Hell, gouverneur de Bourbon, charge d’explorer le Nord de Madagascar. La princesse Tsiomeko demande son alliance. Il la promet et signifie au gouverneur merina de la presqu’île d’Anorontsangana que Nosy Be est sous protection française. Depuis lors, les Hova s’abstiennent de toute hostilité. Tsimiaro, à Nosy Mitsio, demande également l’appui des Français et déclare céder à la France ses droits sur l’Ankarana et les îles. Le 14 juillet 1840, Passot passe un traité avec Tsiomeko qui cède son territoire à la France. Le 5 mai 1841, le pavillon français est arboré solennellement à Hell-Ville pour marquer la prise de possession. Tsimiaro ne recevant pas de réponse définitive, décide d’aller lui-même à Bourbon en pirogue à voile. Là il conclut en avril 1841, le traité par lequel il cède tous ses droits sur l’archipel des Mitsio, Nosy Faly, Nosy Komba et Nosy Be et sur tout son territoire de la Grande Terre. « Mais les Chefs sakalava du Boeni et du Menabe accusèrent Tsimiaro d’avoir appelé des Européens et ils voulurent l’obliger à reprendre sa parole et à renvoyer les Français », écrit Cassam Aly Ndandahizara (Royauté antankarana, 2020). « Tsimiaro refusa et fut attaqué. Les Sakalava étaient cependant battus à Nosy Faly. Quelques années plus tard, Tsimiaro fut nommé Chevalier de la Légion d’honneur et reçut du Roi des Français un uniforme complet avec bicorne et sabre ainsi qu’une pension annuelle de cent francs. » Il meurt en 1882 après soixante ans de règne, dans sa résidence de Nosy Mitsio, à Ampasindava. Il est enterré dans les grottes de l’Ankarana à Anosinkarana. Avant lui, les membres de sa famille sont enterrés dans l’île de Nosy Mitsio et les îlots environnants : Anoronkarana, Nosy Ankareha, Nosy Lava et Nosy Antoloho, où se trouvent toujours leurs tombeaux. Il prend alors le nom d’Andriamandambanarivo. Tsialana II, son fils, lui succède en 1883. Mais les hostilités franco-hova recommencent. « En 1881, les Hova avaient, au mépris du traité de 1862, fait hisser leur drapeau à Ankify ( Au village royal d’Ambatomitatao), en face de l’île de Nosy Komba. » En juin 1882, le capitaine de vaisseau Le Timbre, à bord du Forfait le fait tuer. En avril 1883, l’Amiral Pierre arrive à Nosy Be avec une petite escadre, installe des postes tout le long de la côte Nord-ouest et occupe Mahajanga, le 17 mai. L’amiral Miot, en octobre 1884, demande à Tsialana II de fournir 2 000 guerriers Antakarana pour prêter main-forte à la colonne française embarquée sur l’ Allier et dirigée sur Vohémar. Tsialana II donne le commandement de cette expédition à ses frères Mamba et Tsimanenina, lui-même s’embarque avec 300 hommes sur le Beautemps-Beauprès du commandant Escande. La colonne de débarquement sous les ordres du capitaine Bergeolle occupe Vohémar, les 20 et 21 novembre, puis 190 hommes s’emparent du fort d’Ambanio le 27, et de celui d’Andramparany, à 30 kilomètres au sud-est de là, le 4 décembre. Ce combat est assez dur, les Merina se défendent âprement, mais laissent sur le terrain 250 morts, cinq canons et un très gros butin alors que les Français n’ont qu’un seul tué. « Le contingent antakarana s’étaient bien conduits. Aussi Tsialana II et plusieurs notables furent-ils appelés à Toamasina par l’amiral Miot qui les félicita et remit au Mpanjaka la médaille commémorative de Madagascar. » Le président Sadi-Carnot lui envoie un sabre d’honneur que ses descendants conservent précieusement, ainsi que celui du roi Louis-Philippe. La faveur de le porter à son tour est accordée à son fils, le Mpanjaka Mohamady Tsialana.
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