ÉLECTRIFICATION - Le hors réseau a le vent en poupe


Pour promouvoir l’accès à tous à l’électricité, le gouvernement et les bailleurs de fonds misent notamment sur l’énergie solaire hors réseau, les mini-réseaux et d’autres solutions durables du même type. À savoir qu’à Madagascar, le taux d'accès à l'électricité est d'environ 17%, dont un taux ne dépassant pas les 6% en milieu rural où vit pourtant la majorité de la population. Pour les analystes, cette situation explique en grande partie le sous-développement économique du pays. À remarquer que les projets institutionnels et les initiatives menées par les structures associatives au profit de l’électrification hors réseau tendent à se multiplier. Presque chaque mois, on entend l’annonce du lancement par une ONG d’un projet d’installation d’équipements d’électrification fonctionnant de manière indé­pen­dante. Du côté de la Banque Mondiale, l’on soutient que ces actions sont à saluer mais qu’il faudrait des programmes d’accompagnement d’envergure pour parvenir, d’ici à 2030, à un accès universel à l’électricité alimentée par les énergies renouvelables. C’est ainsi que l’institution de Bretton Woods, l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA), la Société financière internationale (IFC) et d’autres organisations de développement ont lancé une initiative à l’échelle continentale qui encourage les investissements dans des systèmes décentralisés d’énergie renouvelable qui favoriseront une électrification rapide et efficace de territoires ciblés. Madagascar figure parmi les pays prioritaires concernés par ce projet. Selon les explications données par la Banque, la plateforme DARES (pour Distributed Access through Renewable Energy Scale-Up) mise sur une action conjointe des États, des investisseurs privés et des organisations de développement afin de répondre aux besoins immédiats dans ce domaine. D’après les dernières projections, peu de pays africains parvi endront à généraliser l’accès à l’électricité dans les huit prochaines années, d’autres mettront plus d’un siècle à se doter d’un réseau global. « L’élargissement de l’accès à l’électricité par une décentralisation de la production permettra de combler ce besoin urgent dans les meilleurs délais, tout en appuyant les objectifs de résilience climatique, de sécurité alimentaire et de développement du capital humain », a-t-elle aussi soutenu. Des investissements à rentabiliser À savoir que la décentralisation de la production électrique repose souvent sur une station solaire photovoltaïque couplée à une batterie de stockage. Dans les localités rurales, ces systèmes peuvent alimenter différentes structures locales ou des groupes de consommateurs, indépendamment du réseau électrique national ou régional. Ces systèmes distribués sont beaucoup plus aisés à installer, fiables et ne mobilisent pas d’importantes dépenses, contrairement à la construction de grandes centrales électriques. Notons, cependant, que des opérateurs qui se sont lancés sur ce créneau appellent à un soutien plus prononcé de la part des soutiens institutionnels pour rendre les investissements dans les équipements hors réseau rentables. Ces porteurs de projets expliquent notamment que la faiblesse du pouvoir d’achat des populations rurales ne permet pas, dans de nombreux cas, d’atteindre les objectifs de rentabilité dans les délais prévus. Un responsable auprès du ministère en charge de l’Énergie reconnaît que cette problématique est réelle. Mais argumente que la situation évolue et que les partenaires sont mobilisés pour renverser la tendance. Du côté de la Banque Mondiale, on insiste surtout sur la nécessité d’apporter des solutions innovantes aussi bien sur le plan technique que financier. Pour Riccardo Puliti, vice-président de la Banque Mondiale chargé des infrastructures, l’enjeu actuel est de réunir dans un cadre efficient les pouvoirs publics et acteurs privés « autour de solutions d’énergies renouvelables décentralisées, facilitant le raccor­dement des populations les plus vulnérables, tout en faisant progresser les énergies propres ». Et Riccardo Puliti d’ajouter qu’au cours des dix dernières années, cette stratégie a représenté 20 % du total des nouveaux raccordements électriques dans la région. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la plateforme DARES a été mise en place. Elle est appelée à mettre à profit cette dynamique naissante et collaborera avec les gouvernements et les entités non étatiques afin de promouvoir les initiatives dans cette filière. Le Groupe de la Banque Mondiale qui se propose de piloter le déploiement de la filière, en se fondant sur une approche différente des investissements d’infrastructure traditionnels qui stimulera l’afflux de capitaux privés.
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