Mines - L’État demande des comptes à QMM


Le rapport du ministre des Mines et des ressources stratégiques sur le contrat liant l’État à la société canadienne Qit Madagascar Minerals en conseil des ministres, hier, a abouti à l’organisation d’un audit spécial. À la loupe. Cela fait vingt-et-un ans que le projet minier d’exploitation de sables minéralisés de Taolagnaro, dans la région Anosy, existe, mais c’est seulement maintenant que l’État décide de demander des comptes à la compagnie minière Qit Madagascar Minerals (QMM). Le communiqué de la présidence de la République précise, qu’à la suite des détails de la situation des activités de la société minière rapportés en conseil des ministres, par le ministre des Mines et des ressources stratégiques, Fidiniavo Ravokatra, il a été décidé que l’État allait demander à auditer les comptes de QMM. « L’État demande un audit des comptes, un audit des investissements ainsi qu’un audit organisationnel de la société QMM… Le contrat établi en 1998 souligne que la compagnie minière est détenue à 20% par le gouvernement malga­che. L’objectif est ainsi de connaître les retombées de l’exploitation minière sur la vie économique et sociale du pays depuis ces vingt-et-un ans… », détaille le communiqué. La société canadienne est détenue à 80% par Rio Tinto, un groupe minier multinational anglo-australien dont les actifs miniers se concentrent surtout en Australie et au Canada. Revers Elle a commencé ses activités d’exploration dans les années 1980. Ce n’est que plus tard qu’un programme social et environnemental permanent a pu être mis en place. Le permis environnemental, pour l’exploitation du site de Mandena, n’est, d’ailleurs, obtenu qu’en 2001. La construction de la base vie et de l’usine flottante composée essentiellement de dragues, a démarré en 2006. « La ville de Taolagnaro a connu des changements, en effet, depuis l’implantation de QMM. Nous avons de nouvelles routes, de nouvelles pistes reliant les divers quartiers, de nouvelles écoles ou encore de nouvelles infrastructures sanitaires », témoigne un habitant. « Seulement, quelques années plus tard, les retombées, notamment, celles dont devront jouir les communes rurales directement concernées, telles Mandromondromotra, Ampa­sinampoana et la commune urbaine de Taolagnaro, semblent ne pas être palpables par beaucoup d’observateurs. À mon avis, il y a eu mauvaise utilisation de ces bénéfices obtenus par les communes touchées », ajoute notre interlocuteur. Une autre source locale raconte que les problèmes de compensation des terrains sont presque résolus car les plaintes et les mécontentements se font de moins en moins sentir. Quelque 6 000 ha de superficie sont nécessaires à l’exploitation qui a une durée de vie de quarante ans, après la première production qui a eu lieu en 2008. Le premier envoi a été finalisé en mai 2009. La région contiendrait 70 millions de tonnes d’ilménite dont 60% de dioxyde de titane. L’actuel gouverneur de la région Anosy, ancien député de la même circonscription, Jerry Hatrefindrazana, a longtemps dénoncé les activités de la société minière, notamment sur les questions environnementales. Il a, entre autres, fait savoir le 31 janvier 2019 que « des cadavres de poissons sont retrouvés au bord du lac Ambavarano, exploité par les pêcheurs. Le niveau du bassin d’exploitation de QMM s’est élevé et s’est déversé dans le lac et dans celui de Lanirano, source d’eau des habitants de la ville de Taolagnaro ». L’Office national de l’Environnement aurait déjà entamé des analyses avec le Centre national de recherche environnementale, mais aucune suite n’a été annoncée. « La couverture végétale défraichie peine à se rétablir. Depuis l’avion en partance ou à l’arrivée à Taolagnaro, l’on ne voit qu’une grande superficie de sable au niveau du site de Mandena », précise une habituée de la capitale de la région Anosy. Le projet minier de QMM figure parmi les grands projets miniers avec quelque 1,1 milliard de dollars d’investissements, dont 945 millions de dollars investis à Madagascar. La compagnie minière a revu sa politique en embauchant des ressources humaines locales. Une société locale détient, entre autres, le marché de la maintenance, d’autres l’approvisionnement en nourritures. Autant d’activités nécessitant des rapports d’audit clairs.
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