Trafric


Par deux fois en un mois une tentative de trafic d’or puis de pierre précieuse a été déjouée à l’aéroport d’Ivato. Dans les deux cas la tentative a eu lieu à l’occasion d’un déplacement d’une équipe de football pour lequel un vol spécial a été affrété. Autrement dit, outre les membres de la délégation sportive, des intrus s’engouffrent parmi les passagers dans l’espoir de passer comme une lettre à la poste. Lors du premier vol, un député avait refusé de se faire fouiller comme c’est la règle pour tous les passagers avant l’embarquement. Mardi, la délégation sportive a décidé d’annuler le déplacement en raison du piètre résultat à domicile. Mais l’avion était déjà là. Curieusement soixante passagers étaient prévus prendre ce vol alors que les frontières ne rouvrent qu’à partir de samedi pour les vols régionaux. Une consigne a été donnée pour bloquer l’avion et de fouiller les passagers. Un ressortissant sri-lankais s’est fait prendre par la police douanière avec un saphir d’une valeur de 380.000 dollars dans son bagage à main. C’est dire l’assurance qu’il avait de ne pas se faire arrêter. Ce qui signifie qu’il aurait eu un passe droit de la part d’un haut responsable ou qu’il existe un réseau de trafiquant à l’aéroport. S’il n’y avait donc pas la consigne de la présidence qui a envoyé sur place le directeur de cabinet, la marchandise serait passée sans anicroche. Moralité de l’histoire, l’aéroport d’Ivato est plus jamais une passoire. Les vols spéciaux constituent une aubaine pour les trafiquants étant donné qu’il est plus facile d’échapper aux contrôles. Ou parce que le vol n’aurait pas été soumis aux mêmes règles qu’un vol commercial. La présidence a bien fait de prendre le taureau par les cornes. Tout cela n’est pas de bon augure à deux jours de la réouverture des frontières. Les organisations de l’aviation civile internationale auront certainement leur mot à dire sur cette situation qui prouve que la sûreté de l’aéroport d’Ivato laisse à désirer. Le Sri-lankais aurait pu mettre une grenade dans son bagage à main sans que personne ne s’en aperçoive. Il n’y a pas que les protocoles sanitaires qu’il faut observer. Si le coronavirus ne peut pas être détecté au scanner, il est inconcevable qu’il laisse passer un morceau précieux comme un bloc de saphir. Mais il est vrai qu’il s’agit d’un trafric où tout le monde a les yeux bandés. Oui avec 380 000 dollars on peut clouer le bec au plus bavard.
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