Malaise au sein d'Air Madagascar - Les «handlers» prennent deux avions en otage


Un appareil de Turkish Airlines et d'Air Austral ont fait les frais d’un malaise entre les employés d’Air Madagascar et de MGH. Le boycott des « handlers» a obligé le commandant de bord et le chef d’escale à se retrousser les manches. Les nerfs des passagers, des staffs de compagnies assistées et même d’un pilote, ont été mis à l’épreuve hier à l’aéroport international d’Ivato. Lâchés par les handlers (NDLR: chargés du traitement de vol), en poste sur le tarmac, un Airbus A330 de la compagnie Turkish Airlines ainsi qu’un ATR d’Air Austral, ont accusé des retards. Mauvaise foi et incompétence délient les langues. La compagnie Air Madagascar et sa filiale Madagascar Ground Handling (MGH) sont clouées au pilori. Bottés en touche depuis  lundi, sur décision de l’État, les « handlers» d’Air Madagascar se sont tenus à l’écart, laissant certaines opérations prendre des tournures scandaleuses. Dépassée par les événements, MGH, la succursale remplaçante, ayant décroché le marché du traitement des vols des compagnies assistées, lequel génère une recette mensuelle de 750 000 euros par mois, soit l’équivalent de 2,6 mil­liards d’ariary, semble pour sa part sombrer dans le désarroi, et se fige dans l’impuissance. Le départ de l’Airbus de Turkish Airlines à destination d’Istanbul via Maurice, était un bras de fer jusqu’au décollage. Menés en bateau, l'équipage et les 138 passagers de cet appareil, étaient cloués au sol pendant près de deux heures. En position nosing (NDLR: Nez face à la salle d’embarquement) lors de l’embarquement de ses occupants et du chargement des bagages, l’appareil nécessitait, de ce fait, un tractage pour manœuvrer, pour qu’il puisse se diriger par la suite vers la piste, propulsé par la puissance développée par ses réacteurs. L’appareil s’est pourtant retrouvé dans l'impasse lorsqu’aucun conducteur n’a daigné se mettre au volant du Push back (NDLR: Engin destiné à pousser un avion), pour faire sortir son Airbus du parking. Alors que la MGH ne dispose d’aucun conducteur, ceux d’Air Mada­gascar n’ont pas bougé le petit doigt. Pendant près de deux heures, le personnel au sol de la compagnie, dont l’avion était pris en otage, s’est plié en quatre pour essayer de trouver une solution, mais le boycott appliqué par l’équi­pe d'Air Mada­gascar, a torpillé toute tentative. Contradictions Engagé dans une course contre la montre, le vol était sur le point d’être annulé, lorsque la compagnie a pris le taureau par les cornes. Ayant été parmi les passagers à bord de l’A330, le chef d’escale a demandé à être débarqué pour prendre les commandes du « Push Back» et diriger l’appareil jusqu’à la piste. L’avion, prévu quitter Ivato à 16 heures, n'a pu décoller qu’à 18 heures. Environ trois heures plutôt, l’équipage ainsi que les passagers de l’ATR d’Air Austral, en partance pour la Réunion, ont, eux aussi, eu droit à des services laissant à désirer et pourtant onéreux. Faute de bus, ils ont du crapahuter sur près d’un demi-kilomètre pour rallier leur avion. Et encore, au moment où il était sur le point de s’aligner sur la piste et mettre les gaz, le commandant de bord, a été, au dernier moment, contraint de sortir, pour éloigner le Groupe de Puissance au Sol (GPU), que les responsables n’avaient pas retiré du tarmac. Face à ce double incident, les employés d’Air Madagascar et la direction générale du groupe se renvoient la balle. «Tout le matériel nécessaire a été mis à la disposition de la MGH depuis que les opérations d’assistance lui ont été confiées. Le problème est qu’elle ne dispose pas d’employés qualifiés, voilà pourquoi certaines tâches vont de travers. Si nous nous sommes gardés de nous en mêler, c'est justement pour ne pas violer cette décision qui nous a écartés des opérations au sol», justifie un syndicaliste d’Air Madagascar, joint au téléphone hier. Alors que les employés se dédouanent de toute responsabilité, la direction générale d’Air Madagascar ne l’entend pas de cette oreille. « Il y a encore des activités d’assistance qu’Air Madagascar doit assurer jusqu’à ce que MGH, le partenaire qualifié, ait le matériel. Les membres du personnel ont refusé de porter assistance, c’est une forme de contestation de leur part. Deux rencontres ont eu lieu entre la direction et le personnel. Des propositions ont été faites pour sécuriser les emplois, mais pour l’instant, elles ont été refusées», lance la direction générale d’Air Madagascar. Évoquant, une démarche sournoise vers la privatisation, les employés du vaisseau mère sont dans l’expectative. En attendant le dénouement de cette guéguerre, les compagnies assistées payent de lourds tributs, avec les vols frôlant les annulations, les retards, ainsi que les passagers qui ratent leurs correspondances et qu’il faudrait héberger. Seth Andriamarohasina
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