Roubl(ardises) en toile de fond(s)


Marine Le Pen a eu raison. La députée du Rassemblement National avait flairé que les sanctions occidentales contre la Russie, en guerre contre l’Ukraine, allaient provoquer des effets pervers. Il fallait les mettre entre parenthèses, proposa-t-elle. Car en face, Vladimir Poutine a aussitôt exigé le paiement en roubles des factures du gaz et du charbon livrés aux pays européens. En financement « occulte » de l’avancée russe en Ukraine. Ce qui aura pour conséquence, sur la durée, une dépréciation de l’euro. Et un hiver coûteux et glacial dans les chaumières européennes en perspective. Les propos de Bruno Le Maire, ministre français de l’Économie, au début de la guerre, prévoyant une déroute économique russe, n’ont pas eu l’effet inhibiteur escompté. Il a même « Delete » face à la menace russe de s’en prendre aux éventuels cobelligérants pro-Ukrainiens. Grossière erreur de sous-estimer la capacité de nuisance sur l’économie mondiale, d’un acteur majeur incontournable. Le soutien, désormais affiché, par la Russie à la demande, légitime, de Madagascar sur les îles éparses, gêne aux entournures, autant les dirigeants malgaches que français. C’est dire si Moscou a sa place sur l’échiquier géopolitique international. Sur le Marché interbancaire de devises (MID), baromètre local, l’euro part à la baisse. Ce qui amoindrit la valeur des exportations des produits made in Madagascar vers l’Europe. Un véritable commerce inéquitable se dessine. Voilà pourquoi il est nécessaire de passer par les négociations multilatérales avec l’Union européenne. Ces discussions se déroulent actuellement jusqu’à vendredi, sous l’égide du ministère malgache de l’Industrialisation, du commerce et de la consommation. La mondialisation façonne plus que jamais le rapport des forces économiques et financiers. Il suffit qu’une catastrophe naturelle, née des changements climatiques, qu’une crise politique, ou toute autre anomalie imprévisible, frappe un pays dominant sur un secteur d’activités pour que les échanges commerciaux mondiaux soient modifiés en cascade. Sans préavis. Il est temps que Madagascar anticipe ces turbulences. Au lieu de constamment subir leurs effets induits. Un engrenage difficile à briser. À moins de s’en accommoder à durée indéterminée.
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