Reprise du tourisme national - Zoom sur Ampefy


Dans le cadre de notre enquête sur la relance du tourisme national, nous choisissons Ampefy, une des destinations privilégiées des Tananariviens du fait de sa proximité. Selon le site Wikipedia, Ampefy est un bourg et une commune rurale située dans la région Itasy, dans l'ancienne province d’Antananarivo... Elle est comprise dans le district de Soavinandriana. De prime abord, Ampefy est un petit village situé à environ 120km de la capitale, Antananarivo, sur la rou te na tionale N°1 qui mène vers Tsiroanomandidy. Arrivé à Analavory, en bifurquant à gauche, vous y êtes au bout de 10km. Connu pour ses geysers, la chute de la Lily et le lac Itasy, Ampefy inspire par son paysage volcanique qui s'étend sur 400 km² et ses nombreux lacs issus des volcans d’antan. « Ici tout pousse », nous dit un paysan. Effectivement, la terre y est noire et bien irriguée. Hormis l’agriculture, l’élevage et la pêche sont aussi très présents à Ampefy. Le village est connu pour son marché aux poissons, alors équipez-vous de glacière ou de sac pour les tilapias et les carpes argentées que vous cuisinerez sans modération avec des cressons bien de là-bas. (NDLR : à ce jour la pêche est encore interdite). Deux semaines après l’annonce de l’ouverture des routes nationales par le président de la République Andry Rajoelina, les week-ends s’annoncent prometteurs pour les hôteliers et restaurateurs d’Ampefy. Pas la peine d’appeler la veille de votre départ, les hôtels font le plein et s’ils restent des chambres disponibles, ce sont les plus chères. C’est ainsi que nous rencontrons l’un des personnages emblématiques d’Ampefy, M.Jacky. Ce dernier n’est plus à présenter à ceux qui connaissent le village, c’est un homme passionné par la nature et l’environnement. Chez Jacky, la nature s’invite : bungalows en terre, mélange de bois, de chaume… parfois des bouteilles incrustées dans la terre en guise de mur… décors atypiques. Le propriétaire avoue être retombé en enfance en s’inspirant des films d’Astérix et Obélix. [caption id="attachment_113142" align="aligncenter" width="413"] Le paysage volcanique d’Ampefy.[/caption] [caption id="attachment_113143" align="aligncenter" width="403"] La chute de la Lily.[/caption]

M. Jacky - « Le confinement nous a permis de nous recentrer sur l’essentiel »

Après cinq mois de confinement, comme tous les autres restaurants et hôtels d’Ampefy, Chez Jacky n’a pas été épargné par les dégâts de la pandémie. Mais en ce dimanche ensoleillé, le parking du restaurateur est bondé, les Tananariviens notamment ont rempli le restaurant ainsi que la terrasse externe, ce qui réjouit le patron des lieux. Cependant, le coronavirus a marqué notre interlocuteur. Voici une interview exclusive d’un opérateur économique humaniste, mais surtout philosophe face à la Covid-19. Vola Rasoamanana : Comment avez-vous vécu ces mois de confinement ? M. Jacky : Difficile. Il y a eu des moments pas simples à gérer. Nous sommes des paysans donc nous avons dû vendre plus tôt nos récoltes. Personnellement nous pouvions vivre simplement, mais pour nos employés, ce fut beaucoup plus compliqué. Une fois leurs récoltes vendues, ils n’avaient plus rien. Avez-vous pratiqué le chômage technique ? Non, plutôt la permutation, c’est-à-dire que les employés venaient une semaine sur deux et ils percevaient un demi-salaire. L’objectif était d’éviter qu’ils ne sombrent du fait de l’inactivité, donc nous avons fait des efforts. Quelles ont été les conséquences de la Covid19 pour vous ? La forte baisse des activités. Le 4 mars, nous devions accueillir des opérateurs de café suisses, mais le coronavirus a eu raison de cette visite et de ce qui a pu en découler. Mais il n’y avait pas que de mauvaises choses durant ces mois de confinement. Pour la petite histoire, une journaliste australienne est venue réaliser un reportage sur Madagascar. Du fait du confinement, elle fut bloquée au pays. Elle est restée dix jours chez nous. Elle s’est intéressée notamment à nos plantations de café, du coup elle a écrit un article dessus, puis nous a mis en contact avec des opérateurs australiens. Aujourd’hui, nous échangeons sérieusement avec l’Australie. Un opérateur américain est venu aussi nous voir toujours pour nos productions de café… Et à Antananarivo, des projets sérieux de production de café haut de gamme sont en train de se dessiner. Voilà de belles opportunités… Effectivement ! Le coronavirus nous a obligés à nous réinventer. Nous avons des vaches laitières et comme nous ne servions plus du lait aux clients, nous avons cherché à les transformer. Ma femme en a fait du fromage et c’est ainsi que des étudiants universitaires dans cette filière sont venus nous aider et nous allons incessamment ouvrir notre fromagerie. En fait, depuis longtemps, nous travaillons déjà avec l’Institut universitaire de technologie dans l’objectif de créer des emplois pour les jeunes. La Covid vous a ouvert des projets d’avenir, mais comment avez-vous fait pour tenir financièrement ? Nous avons eu la chance d’avoir un maire compréhensif qui a joué un rôle important dans notre survie. Nous avons ainsi pu continuer à recevoir en extérieur, avec l’aval du maire. Cela nous a permis de recevoir les visiteurs qui venaient pour le week-end d’Antsirabe puisque l’axe Antsirabe-Itasy n’était pas fermé. Nous avions aussi la chance de ne pas être en rupture d’approvisionnement grâce au fait que nous cultivons, que nous pêchons et que nous faisons de l’élevage. En outre, il y a eu des journées de séminaire de temps en temps. Si on fait le bilan, nous n’avions pas gagné grand-chose, mais c’est le fait de pouvoir continuer à travailler qui était important. Au final que retenez-vous de cette expérience ? Ce confinement nous a permis de nous recentrer sur l’essentiel. Je pense qu’il faut revenir à une consommation raisonnable, le monde était en surconsommation, la Covid a permis en quelque sorte de réguler tout ça.
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