Discours programme : Les sénateurs font de la résistance


Sur la sellette, le Sénat a montré un visage critique et impertinent face au gouvernement, hier. Ses membres ont décortiqué le discours programme du Premier ministre. Un sursaut d’orgueil. Une fois n’est pas coutume, les sénateurs ont montré le visage de ce que devrait être un Parlement, hier. La présentation du programme de mise en œuvre de la Politique générale de l’État (PGE), par Christian Ntsay, Premier ministre, a été l’occasion pour les membres de la Chambre haute de démontrer leur capacité à faire une critique dialectique des affaires étatiques. Le scénario d’hier, au palais de verre d’Anosy, est relativement rare. Jouant pleinement leur rôle constitutionnel de contrôleur et conseiller des actions gouvernementales, les sénateurs ont décortiqué le programme de mise en œuvre de la PGE présenté par le locataire de Mahazoarivo. Si la question concernant l’importante entaille portée par l’ordonnance portant loi de finances rectificative dans le budget de l’institution a été incontournable, ses membres ont, néanmoins, émis des suggestions pertinentes et posé les bonnes questions en réaction au discours programme du Premier ministre. L’avenir du Plan sectoriel de l’éducation, ou encore, l’opportunité de s’empresser à construire des établissements pénitentiaires à la pelle au lieu de réformer la politique pénale et accélérer le jugement des milliers d’affaire pendante dans les tribunaux ont été posés. Expertise Le chef du gouvernement a, aussi, été fréquemment questionné sur les ressources avec lesquelles l’État compte financer les projets qu’il a annoncés. « Bien que le Sénat n’ait pas encore reçu l’ordonnance portant loi de finances rectificative, je me suis tout de même débrouillé pour en avoir un exemplaire. Je l’ai lu, mais je ne vois aucune ligne concernant les projets inscrits dans ce programme de mise en œuvre de la PGE », a lancé un membre de la Chambre haute. En face, Christian Ntsay ne s’est pas laissé démonter, répliquant à chacune des assauts des sénateurs. « Je ne suis pas venu ici pour me ridiculiser à dire des inepties, ou des choses qui ne seraient pas conformes à la loi. Peut-être que d’autres l’ont fait, mais pas moi. Cela ne correspond pas à mon éthique. Le financement de tous les projets qui seront faits ou entamés durant cette année 2019, est inscrit dans la loi de finances et sera concrétisé. Ce que j’ai annoncé pour l’année 2020 seront les axes prioritaires du budget de l’année prochaine», a, entre autres, soutenu le Premier ministre. Contrairement au charivari de l’Assemblée nationale, la séance d’hier, à Anosy, a été cordiale. Les sénateurs ont, néanmoins, bousculé le locataire de Mahazoarivo. Démontrant leur expertise dans des domaines variés tels que le droit, l’économie, les finances publiques, la sécurité, ou encore les travaux publics, ils ont, sur certains points, poussé Christian Ntsay à détailler minutieusement son plan d’action. Dans la ligne de mire du président de la République qui veut supprimer l’institution ou, du moins, réduire considérablement l’effectif de ses membres, les sénateurs semblent avoir profité de la séance d’hier pour s’illustrer comme une réelle balise de l’exécutif. Un rôle où ils n’ont, cependant, pas toujours brillé depuis le début de leur mandat. Pliant sous l’omnipotence du pouvoir Exécutif les sénateurs, dès le début de leur législature ont affiché un visage apathique et docile.
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