Code de la communication - La vie privée des politiques taboue


Le code de la communication rend tabou la vie privée des personnages politiques. Une échappatoire au devoir de redevabilité et d'exemplarité de cette catégorie d'individu. Sacro-saint. Au regard du code de la communication médiatisée, dans sa version adoptée par le Parlement, la vie privée des « personnalités politiques », est un sujet intouchable, sur lequel la presse n'a aucun droit de regard et où les citoyens n'ont pas voix au chapitre. Les modifications apportée par l'Exécutif à l'article 27 initial, pour en faire l'article 20 du texte férocement défendu par l'ancien journaliste qu'est Andrianjato Vonison Razafindambo, ministre de la Communi­cation, fait de la vie privée des « personnages politiques », un tabou intouchable. Selon l'article 20 de la version du code de la communication médiatisée adopté à l'aveuglette par les sénateurs et les députés « le journaliste s’abstient de porter toute atteinte à la vie privée des personnes, même lorsque ces personnes assument des fonctions ou un rôle politique. Toutefois, lorsque l’intérêt public le justifie, le journaliste peut révéler des informations lorsque celles-ci compromettent la morale publique et/ou constituent une menace pour la santé publique (...) ». Obligation La version initiale du texte, issue des concertations entre les acteurs du monde de la communication, le Gouvernement, initiée par le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD), prévoit, cependant que « (…) sous réserve du respect des règles d’éthique et de déontologie, la publication de la vie privée des personnages publics ne peut constituer une atteinte à la vie privée (…) ». La forte retouche faite par l'État entame fortement, aussi bien, l'esprit que la lettre de la disposition concernant la vie privée du projet de code de la communication médiatisée. La version initiale se basait, en effet, sur le principe et l'obligation de redevabilité, mais également, l'exemplarité que devraient faire preuve les personnalités jouant un rôle ou exerçant des fonctions « politiques », vis-à-vis des citoyens. Les contribuables, et de surcroit électeurs, doivent pouvoir s'appuyer sur des « politiciens » au sens moral et à l'intégrité sans faille et sachant faire preuve de retenue dans leur comportement et pouvant user avec parcimonie des deniers publics qui leur sont alloués. A titre d'exemple comparatif, récemment l'Elysée a dû apporter des explications officielles lorsque la presse a révélé les rémunérations effarantes du coiffeur de François Hollande, président de la République française. Ou encore au début de son mandat, ses escapades amoureuses. Quelques exemples d'obligation de redevabilité et d'exemplarité qui ne seront jamais de mise à Madagascar si l'on se réfère à l'article 20 du code de la communication adoptée par le Parlement. Aussi, initier le débat et réclamer des explications sur le montant astronomique de la robe d'une première dame d'un des pays les plus pauvres du monde, et lorsque l'austérité est imposée dans le budget étatique, sera punie d'une amende de 1 000 000 à 6 000 000 Ariary. Et encore le choix du style n'est pas abordé. La rédaction
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