Histo-Géo malgache (3)


I. On pourrait penser qu’un originaire de Sadabe, qui travaillerait à Fihaonana, se trouve bien loin de chez lui. Mais, en fait, un éloignement imposé par l’absurde détour Sadabe-Ambohitrolomahitsy-Talata Volonondry-Antananarivo-Ambohidratrimo Mahitsy-Fihaonana qu’imposent les correspondances des taxis-brousse. Pourtant, si on fait abstraction des RN3-RIP19 (pour aller Sadabe) et RN4 (qui traversait autrefois Fihaonana et son antique bureau de Poste), les deux localités se situent exactement à la même latitude, guère séparées à vol d’oiseau que par la vallée de la Betsiboka. Pour rallier rapidement les 75 kms à vol d’oiseau entre Anjozorobe à l’Est et Ankazobe à l’Ouest, les anciens chefs-lieux de sous préfecture respectifs, les « ponts et chaussées» seraient bien avisés de faire enjamber la Betsiboka par un ouvrage d’art pour éviter l’inutile détour par la Capitale Antananarivo. II. Dans son «Dictionnaire historique et géographique de Madagascar», Régis Rajemisa-Raolison indique que Antandrona était l’autre nom des Tsimihety. Ceux de l’Androna, du nom de ce «couloir» naturel qui raccordaient directement le Boina sakalava avec le pays betsimisaraka : aux XVIIe-XVIIIe siècles, nombre d’esclaves africains durent ainsi passer directement du Canal de Mozambique aux ports de l’Océan Indien. Dans cette région, les «ponts et chaussées» pourraient se pencher sur des cartes géographiques et réfléchir à relier directement Mandritsara-Maroantsetra-Mananara-Andilamena : un maillage entre RN5, ancienne RN3, et RN6, qui éviteraient de transiter inutilement par l’axe ToamasinaMoramanga (RN2), voire devoir prolonger jusqu’à Antananarivo-Ambondromamy sur la RN4. III. Les ancêtres des Maroseranana seraient originaires de l’Isaka, dans le Sud-Est de l’île. Malgré l’éloignement géographique ultérieur, les Antaisaka (ceux des Isaka : «ravins coupant des plateaux à intervalles rapprochés») et les Sakalava seraient donc «cousins». Les premières migrations, peut être suivies de va-et-vient, empruntèrent la dépression d’Ivohibe, ce couloir naturel encaissé entre, d’une part Vangaindrano ou Farafangana, et d’autre part Ihosy. Encore une fois, penchés sur une carte de Madagascar, les «ponts et chaussées» se souviendraient des Nationales 27 (Farafangana-Vondrozo-Ivohibe-Ihosy) et 26 (Manakara-Ambalavao) pour que, depuis le Sud-Est, on n’ait pas à faire un détour jusqu’à Fianarantsoa avant de rejoindre Ihosy et continuer vers le Sud-Ouest sur les traces d’Andrianalimbe.
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