Liberté de presse - Madagascar perd trois places dans le classement RSF


« Le journalisme est le meilleur vaccin contre la désinformation », défend Reporters sans frontière (RSF). Dans son communiqué annonçant la publication les notes et le classement sur la liberté de presse dans cent quatre-vingt pays, hier, l’organisation regrette que ce principe démocratique soit en souffrance. Avec un recul de trois places, Madagascar n’est pas épargné par ce mal. La Grande île est classée 57e dans le classement RSF. Une dégringolade de trois places, alors qu’elle était à la 54e position, l’année dernière. Une situation dont les facteurs sont politique, économique et technologique. Il y a, également, le facteur culturel, comme la perméabilité du public aux rumeurs, plutôt qu’aux faits avérés et vérifiés. Reprenant une partie de son analyse publiée, l’année dernière, RSF note toujours « la vulnérabilité » des médias malgaches face « à l’influence des hommes d’affaires et des responsables politiques ». Le paysage médiatique « polarisé », dans la Grande île est, d’autant plus, malmené par la crise sanitaire, déplore Reporters sans frontière. Elle soulève, notamment, les injonctions adressées aux stations audiovisuelles p rivées pou r l a diffusion des informations « officielles », concernant la pandémie, l’année dernière. Fait compréhensible « Ce classement de 2021 relate en fait la situation de la liberté de la presse en 2020. Une année marquée par le contexte mondial de la pandémie du coronavirus. De nombreux pays ont vu leurs scores baisser en raison des contraintes liées à ce contexte sanitaire mondial », réagit Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo, ministre de la Communication et de la culture. Elle affirme qu’il est « tout à fait compréhensible », que Madagascar ait perdu des places dans le classement publié, hier. Dans sa réaction, la porte parole du gouvernement met l’accent sur l’état d’urgence sanitaire décrété dans la riposte à la Covid-19. « Par définition, l’état d’urgence signifie la restriction provisoire de certaines libertés individuelles, afin de garantir une meilleure stratégie de lutte contre la pandémie. La loi permet à l’État la réquisition d’office des services essentiels et les médias en font partie », réplique-telle. La ministre de la Com­munication table, du reste, sur la légalité de la réquisition des médias. Elle motive par la nécessité d’avoir une meilleure sensibilisation du public sur les mesures sanitaires. « Le gouvernement n’a jamais interdit aux journalistes de mener leurs propres investigations sur la Covid-19 et de diffuser leurs propres reportages », soutient-elle. RSF souligne, pourtant, qu’à Madagascar, « la crise sanitaire a aussi été l’occasion d’un tour de vis sur le débat public ». Dans son plaidoyer pour la liberté de la presse, Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, défend, « (…) Face à la rivalité de la désinformation par-delà les frontières, sur les plateformes numériques et les réseaux sociaux, le journalisme est le principal garant pour que le débat public repose sur une diversité de faits établis ».
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