Les vallées fluviales favorables à la culture du tabac


Presque toutes les anciennes provinces de Madagascar ont des zones de production tabacole. En 1965, les tabacs corsés se voient sur les Plateaux où la culture intéresse les sous-préfectures d’Ambalavao, Ambohimahasoa, Antsirabe, Antanifotsy et Anjozorobe ; et sur la côte nord-ouest de Mahajanga, dans la vallée de la Sofia et dans quelques localités des sous-préfectures de Port-Bergé et Maevatanàna. Ce type de tabac comporte des variétés locales (hofakondry, rambotana, rambotompondrano) et des variétés importées (Niekerk, Kentucky, Philippin, Soufi). Les tabacs légers sont exploités dans les vallées de la Tsiribihina (Belo-sur-Tsiribihina et Mahabo) ; de la Bemarivo (Port-Bergé) et de la Betsiboka (Ambato-Boeni), dans les régions de l’Itasy (Miarinarivo) et aux environs de Mampikony, et à titre d’essai sur la zone des Plateaux et, notamment dans la région du lac Alaotra (Ambatondrazaka). Les types produits sont ceux dits spéciaux (Maryland, Virginie, Burley) et des tabacs divers utilisés dans les mélanges ordinaires (variétés algériennes, variété Brésil). L’évolution de la production de 1962, pour l’ensemble de l’ile, et sa situation en 1965- du point de vue répartition géographique et tonnage- sont consignées par régime de culture. D’après un tableau établi à ce propos, la région de la côte Ouest s’adonne à la culture de tabacs légers, pratiquée sous le régime des concessions, tandis que les Hauts-Plateaux se consacrent à la production familiale portant sur les variétés corsées, sauf dans les régions des lacs Alaotra et Itasy. Concernant les débouchés et l’avenir de la production tabacole malgache, il est nécessaire de faire la distinction entre le tabac corsé et le tabac léger. Le premier type couvre les besoins, de l’ordre de 750 tonnes, des neuf manufactures locales. C’est ce qui ressort des quantités que la Mission du Service d’exploitation industrielle des tabacs et allumettes (Seita) leur livre au cours des dix dernières années connues : 678 tonnes en 1954 et 916 tonnes en 1964. L’accroissement des quantités livrées durant cette dernière année, doit moins à l’augmentation des consommations qu’à l’intervention d’une mesure. Celle-ci oblige les fabricants d’incorporer au minimum 75kg de tabac en feuilles dans la préparation de 100kg de poudre de tabac à mâcher. Toutefois, la structure de la production de tabacs corsés exclut la recherche de débouchés extérieurs. En fait, la production du tabac corsé dans l’ile n’est pas appelée à un grand avenir. En 1965, dans la zone d’Ambatolampy-Antsirabe, il est planté dans une région très riche en bonnes terres, dotée d’un important réseau routier et d’une main-d’œuvre facile et stable. Selon le chef de la Mission du Seita, « ce secteur qui ne produit que 90 tonnes environ de tabac corsé, permettrait d’installer une vaste zone de production de tabacs légers en culture familiale, allant pratiquement d’Ambohimahasoa, aux confins de Tananarive, s’étendant à l’Ouest, sur la zone de Betafo-Ambatofinandrahana, et se ralliant par Faratsiho, à la zone déjà importante de l’Itasy ». Un dégagement des zones corsées dans le Sud sera, en même temps, nécessaire pour la concentration de sa production, dans le midi de Madagascar. La zone d’Ambalavao, connue à l’époque pour être le gros centre de plantation du tabac corsé et le producteur du meilleur cru, peut en effet produire 500 tonnes environ de produits très appréciés des fabricants, moyennant une extension de la culture dans cette région. La quantité complémentaire sera fournie par les régions de Taolagnaro, de Toliara et, surtout de Beroroha, déjà productrices de tabac corsé autrefois. Et ce, grâce à une judicieuse prospection des terres. « Un fait est déjà acquis : les climats secs et chauds des localités concernées sont propices à l’obtention des tabacs corsés, riches en nicotine. » Finalement, ce cantonnement dans le Sud présenterait également l’avantage, d’abord de diminuer la fraude qui est surtout importante dans les secteurs limitrophes d’Antananarivo (Anjozorobe, Ambatolampy). Ensuite, de localiser et, partant, de faciliter sa surveillance. Enfin et surtout, de permettre, sans grosses difficultés, « l’entière reconversion en tabacs légers des zones fertiles de la région de Mahajanga (Ambato-Boeni, Maevatanàna, Port-Bergé, Mampikony), déjà versées à la culture des variétés légères ». Dans ce chapitre sur le tabac, dans le numéro spécial du Bulletin de Madagascar (1965) dédié au ministère des Finances, on peut alors lire que « l’avenir de la production tabacole, en général, est à ce prix ».
Plus récente Plus ancienne