Conjoncture - Cyclone, remaniement, insécurité au menu


À peine de retour du sommet de Bruxelles, des dossiers chauds attendent le président de la République. Le pays devra à nouveau faire face à un cyclone, il y a la question du gouvernement et des faits sociaux comme l’insécurité. Du pain sur la planche. Une nouvelle semai­ne durant laquelle l’Exécutif aura, à nouveau, fort à faire. Et, une fois de plus, tous les regards seront braqués vers Andry Rajoelina, président de la République, de retour du sommet de Europe - Afrique. Après la parenthèse internationale de la semaine dernière, durant laquelle il a pris part au sommet de Bruxelles, le chef de l’État n’aura pas le temps de souffler. La conjoncture difficile dans le pays lui impose d’être constamment au taquet. Une situation pesante causée, notamment, par les affres de la météo. Alors qu’une grande partie de la côte Est et quelques localités du centre du pays sont encore sonnées par trois cyclones, en un mois, un quatrième, annoncé comme intense est prévu toucher terre, demain. Les membres du gouvernement sont mobilisés pour coordonner et assurer une reconstruction rapide dans les zones sinistrées. Seulement l’ampleur des dégâts, fait qu’il faudra quelques temps pour que les villes et villages des régions Fitovinany, Vatovavy et des communes de l’Atsimo Atsinanana puissent retrou­ver leur éclat. À Mananjary, par exemple, une des principales villes de la partie Sud-Est du pays, tout est à reconstruire. Le cyclone Emnati va, pourtant, éventrer le pays par son flanc Est. Une nouvelle fois, l’axe entre Mahanoro et Nosy Varika, sera en première ligne pour recevoir les rafales de vent et les déferlantes de pluie. Le district de Nosy Varika a été entièrement dévasté par Batsirai, et pourtant il ne s’en est pas encore relevé. Dans le processus de reconstruction et redressement post-sinistre, les aides sociales aux sinistrés s’avèrent nécessaires. S’assurer que les aides sociales, notamment, les vivres ou Vatsy Tsinjo, sont également, confiés aux ministres déployés sur terrain. Seulement, concernant la distribution, c’est une toute autre affaire. Remaniement? La semaine dernière, des cas de vivres en quantité dérisoire distribués aux habitants d’une localité dans le district d’Ikongo, ont circulé sur les réseaux sociaux. Hier, une lettre signée par une dizaine de maires dans le district de Manakara, se plaignant de l’insuffisance des vivres distribués dans leur collectivité. La lettre signée par ces édiles est adressée au président de la République. La semaine dernière, le Bureau national de la gestion des risques et des catastrophes (BNGRC), chargé de la coordination des actions touchant aux sinistres, dont la distribution des vivres aux sinistrés, a déjà mis le holà sur cette question. Seulement, rien n’y a fait, toutes les complaintes et railleries inhérentes à la gestion du relèvement des zones dévastées par le cyclone sont dirigées vers le chef de l’État, comme tous les maux du pays, à l’instar de l’insécurité. La recrudescence de l’insécurité, justement, est l’autre fait récent et actuel que devra solutionner rapidement l’Exécutif. Une situation de nouveau délétère dans certains quartiers d’Antananarivo, d’autres grandes villes du pays et en zone rurale. Une conséquence probablement des intempéries de ces dernières semaines qui ont mis plusieurs milliers de familles sur la paille. Elles ont déjà été affaiblies par la crise sanitaire et ses conséquences sur les variations du coût de la vie. À moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle, la moindre faille, le moindre dysfonctionnement, le moindre problème et chaque scandale, sont exploités à fond par les adversaires de Andry Rajoelina dans le but de l’affaiblir politiquement. La politique, justement, est l’autre front sur lequel le locataire d’Iavoloha est attendu. Il devra, surtout, mettre de l’ordre au sein de l’Exécutif et de sa famille politique. Le scandale qui a amené à la démission de Herilaza Imbiki, du ministère de la Justice, a ébranlé le camp des tenants du pouvoir. Depuis, les menaces de publication de dossiers contre d’autres ministres sont brandies. Des collaborateurs du chef de l’État à la présidence de la République, sont également, pris pour cible. En parallèle, il y a le député Brunelle Razafintsiandraofa, vice-président de l’Assemblée nationale, qui a mis le pied dans le plat en critiquant frontalement le projet de construction de téléphérique à Antananarivo. Il est pourtant réputé comme un des fidèles d’entre les fidèles du président de la République. Depuis cet épisode, la majorité à la Chambre basse tente d’éviter une implosion. D’autres députés grognent en coulisse, en effet. Certains noms du groupe Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina (IRD), à l’Assemblée nationale n’hésitent même plus à s’afficher aux côtés de candidats probables à la prochaine présidentielle. En marge de la commémoration de l’assassinat du colonel Richard Ratsimandrava, ancien chef d’État, le député Paul Bert Rahasimanana dit Rossy, un autre fidèle du locataire d’Iavoloha, a requis de lui qu’il remette de l’ordre au sein de sa famille politique. Il a aussi demandé un congrès national des Oranges, tout en lançant la phrase, ne nous poussez pas vers l’opposition. Un courant au sein des tenants du pouvoir pousse pour que le président de la République fasse un remaniement du gouvernement. Ils estiment que la démission du garde des sceaux donne l’opportunité à un réajustement politique de l’équi­pe gouvernementale, afin de calmer les grognes au sein de la majorité. Etant un département régalien, il est probable que l’intérim au ministère de la Justice ne durera pas longtemps. Le poste de ministre des Mines et des ressources stratégiques est toujours vacant, également. Reste à voir si le Président procédera aux ajustements requis par certains de ses partisans, ou va-t-il juste combler les sièges vides.
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