La vie en dose


Il revient à la charge. Très critique de la gestion par le régime en place de la crise sanitaire l’année dernière, le député de Toamasina-I, Roland Ratsiraka, se montre toujours aussi incisif, sinon agressif dans ses attitudes. Il suggère la vaccination de masse face au regain de vitalité du coronavirus. Il abonde un peu dans le sens souhaité par la Banque mondiale. Qui conditionne l’atteinte du maigre taux de croissance de l’économie de 2% pour 2021, par la maîtrise de la pandémie, à défaut de l’éradiquer. Mais l’opération vaccination exige une plateforme logistique à la fois lourde et performante. L’expérience française en dit long sur les difficultés qu’elle génère. Malgré le tam tam médiatique mené tout autour. Les premiers vaccinés sont hissés au rang de héros national. Comme madame Mauricette. Passée de l’anonymat à la « une » des journaux. Les autorités malgaches, sans refuser de façon catégorique cette prévention « sous-cutanée », donnent plutôt l’impression de promouvoir les vertus du CVO dans toutes ses déclinaisons, tisane et gélules, pour faire face à cette recrudescence des contaminations. Roland Ratsiraka, fidèle à ses propres convictions, estime qu’un éventuel reconfinement ne serait plus supportable pour l’économie, dont la relance dépend aussi de la situation des pays partenaires. Sur ce point, ses arguments rejoignent ceux des dirigeants qui écartent cette mesure drastique aux conséquences désastreuses pour chaque ménage. Au bout du compte, une année après son apparition, le coronavirus continue de jouer un mauvais tour à travers le monde. Comme aucun « vaccin après la mort » ne fait l’unanimité, à cause de la bataille financière opposant les magnats pharmaceutiques, les pays en voie de sous-développement, comme Madagascar, risquent de devenir un terreau propice à l’enjeu d’une lutte d’influence géostratégique sournoise, à l’échelle planétaire. Comme au bon vieux temps de la guerre froide. Aujourd’hui, choisir le Pfizer-Biontech de l’alliance américano- germanique, le Spoutnik russe ou le Sinovac, peut avoir des répercussions, positives ou négatives, sur les aides budgétaires à obtenir de ces puissances économiques et financières. Alors que ces soutiens financiers sont plus que nécessaires et même vitaux pour les populations appauvries par les séquelles laissées par la Covid-19. Comme les 77% des Malgaches, vivant sous le seuil de la pauvreté, avec un pouvoir d’achat des plus précaires, décimés davantage par la hausse incompressible des prix des produits de première nécessité. Le passage du cyclone Eloïse, salvateur pour atténuer un tant soit peu la sécheresse ambiante et la chaleur étouffante, risque de compliquer la situation dans plusieurs districts. Où le kilo de riz coûte déjà les yeux de la tête. La denrée alimentaire de base est sur le point de passer pour une rareté de luxe.
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