Indésirable invité


Noël n’a pas fait faux bond et est bien présent pour honorer, de sa présence, le rendez-vous annuel en apportant le minimum de joie qu’il peut encore insuffler à l’année qui est maintenant au soir de sa vie. Mais le doux et envoûtant parfum de la fête est perverti par l’incursion sournoise d’une pestilence qui se joint aux embouteillages et autres démons habituels dont les attaques sur les nerfs sont plus intenses en cette dernière ligne droite. Cette autre odeur qui empoisonne l’atmosphère festive est le relent morbide qui accompagne le passage de la Covid19 dont la force de frappe a été, apparemment, décuplée par les années. Le peu de réjouissance qu’on devrait avoir est alors marqué par le deuil et la terreur. « La vie est comme toute chose, elle a ses limites ». Traduction très libre des paroles d’une chanson écrite par la plus fameuse des récentes victimes du fléau. La disparition subite de cet artiste dont la musique a bercé des vies, des couples, ... devient une illustration de la capacité considérable de cette nouvelle vague à semer la tristesse et à faire tomber les larmes. Cette immense perte pour le monde artistique malgache, survenue dans une partie de l’année qui est traditionnellement la propriété de l’allégresse, nous fait alors comprendre jusqu’à quel point l’air de Noël est perverti par cette épidémie qui le pollue ; l’ambiance, qui devrait être agrémentée par les couleurs de la fête, est affectée par les teintes sombres de l’épidémie. Le contexte n’est plus favorable à l’efficacité du film La Vie est Belle (F. Capra, 1946) qui était visionné dans une insouciance qui lui permettait d’injecter l’espoir et la paix, les progénitures de la magie de Noël. Les notes et les leçons centenaires tirées d’Un chant de Noël, le célèbre conte de Charles Dickens, ont du mal à s’imposer dans la partition de Noël de cette année, gâchée par l’émergence de ces dissonances créées par ces fausses notes, ce virus qui brise la belle harmonie qui n’appartient qu’à Noël qui est ainsi altéré par la présence de cet invité indésirable. Et les fêtes, qui devraient être les manifestations de cette joie diffusée en temps normal par la période de Noël, sont devenues les alliés de ce trouble-fête invisible et la fin de l’année, qu’on traverse habituellement dans un climat des plus agréables, est maintenant vue, par l’œil le plus pessimiste, comme un prélude au déchaînement extrême de cette vague de l’horreur. Car c’est aussi au cours de ces événements festifs qu’on rabaisse la garde et qu’on oublie le respect des gestes barrières au profit des étreintes et des baisers.
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