Chronique de VANF - L’avocat du Diable


Certains parlent de vote historique. La Chambre des représentants, à majorité démocrate, a logiquement voté la mise en accusation du POTUS, le président des États-Unis, Donald Trump : 230 voix contre 197. Le motif : abus de pouvoir et entrave au travail du Congrès. Rien n’est cependant joué, et c’est le président russe Vladimir Poutine qui résume la situation : «Il faut encore passer par le Sénat, où les Républicains sont majoritaires. Et il est peu probable qu’ils veuillent écarter du pouvoir un représentant de leur parti sur la base d’accusations totalement inventées». Il est vrai que, pendant de longs mois, le feuilleton concernait plutôt un supposé complot avec la Russie avant de devenir cette affaire d’appel téléphonique pour, dit-on, faire pression sur l’Ukraine. Il faudra certainement attendre un vrai travail d’historien, sans les passions partisanes d’un côté comme de l’autre, pour en avoir le coeur net. D’ailleurs, si la procédure d’impeachment a peu de chances d’aboutir, certains commentateurs voudraient déjà condamner Donald Trump, moralement et devant l’Histoire. Le 18 décembre 2019 restera une tâche indélébile, disent-ils, qui figurera à jamais dans les manuels scolaires et les livres d’histoire, comme la date de la troisième mise en accusation d’un président américain : mais, qui se souvient encore de la date exacte du vote contre Andrew Johnson (1868) ou Bill Clinton (1998) ? Ils seraient 700 historiens et 500 constitutionnalistes américains à avoir conclu que l’impeachment a été inséré dans la Constitution des États-Unis, précisément pour sanctionner un comportement comme celui de Donald Trump. Mais, finalement, que reproche-t-on à Donald Trump ? Imprévisible, sa décision de balancer la «mère de toutes les bombes», MOAB, la plus puissante bombe conventionnelle de l’arsenal militaire américain, hors les armes nucléaires, sur les islamistes d’Afghanistan. Irresponsable, sa décision de retirer les troupes américaines qui faisaient tampon entre les Turcs et les Kurdes, dans le Nord de la Syrie. Inhabituel, le ton de sa lettre au président turc auquel il a simplement dit «Ne fais pas le con». Mais, n’est-ce pas un peu historique sa poignée de main avec Kim Jung-Un pour la première rencontre entre un président des États-Unis et le chef suprême de la Corée du Nord communiste ? Make America Great Again, avait-il promis pour se faire élire. Et si sa conception de la grandeur américaine passait par le désengagement de ces «guerres ridicules et sans fin, dont beaucoup sont tribales» ? Sans précaution oratoire, ce que pourraient finalement penser d’autres dirigeants plus politiquement corrects. Depuis l’élection de Donald Trump, de doctes analystes avaient déjà prédit mille fois la troisième guerre mondiale. Les États-Unis, et le reste du monde, sont désormais à moins d’un an (3 novembre 2020) de sa possible réélection sans que, face à l’Iran, avec la Chine, contre le Mexique, Donald Trump ait déclenché le cataclysme annoncé. Assurément, l’homme dérange une certaine manière d’être et de faire. Mais, quelque part, il avait eu raison de s’indigner : «Mettre en accusation le Président des États-Unis, pour ça !».
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