Trafic de bois de rose - Le navire Flying « arrêté »


Après une course poursuite et l’usage de la force, le bateau Flying a été arrêté aux larges d’Antalaha. Il est fortement suspecté de trafic de bois de rose. Une première. Le fait est, effectivement, assez singulier pour que Christian Ntsay, Premier ministre, aux côtés des hauts responsables des Forces armées, convoque une conférence de presse, exceptionnelle, le jour du deuxième tour de l’élection. L’objet de cette rencontre avec la presse, à Mahazoarivo, a été l’annonce de « l’arrestation », du navire Flying, vers 9 heures, hier, à environ soixante kilomètres aux larges d’Antalaha. Il rôdait dans les eaux du Nord-est de Madagascar, depuis deux mois. Une zone considérée à haut risque pour l’exportation illicite des bois précieux dont les bois de rose. La course-poursuite en mer a démarré aux larges de la baie d’Antongile. Deux heures de chasse, des sommations par radio, par projecteurs, ensuite par coup de feu qui se sont transformés, suivant les ordres, en tirs d’attaque ont été nécessaires pour que l’équipage du navire suspect accepte de se rendre. « Il s’agit d’un navire battant pavillon panaméen, mais dont les membres d’équipage sont des chinois », décrit le Premier ministre. Le général Béni Xavier Rasolofonirina, ministre de la Défense nationale, ajoute qu’à la base, « ce navire s’appelait Ming Feng. Il a juste changé de pavillon et de nom pour, ensuite, revenir ». Récidive Comme le souligne le locataire de Mahazoarivo, Ming Feng est impliqué dans une affaire de trafic de bois de rose datant de janvier 2015. Avec sa cargaison, le navire avait échappé aux autorités, cette année là. Onze personnes soupçonnées d’avoir été impliqué dans cette exportation illicite avaient été déférées devant la Chaîne pénale anti-corruption (CPAC), remplacée, aujourd’hui, par le Pôle anti-corruption (PAC). Les photos et les caractéristiques spécifiques du navire auraient permis de l’identifier explique Christian Ntsay. Avec un nouveau nom Ming Feng a, donc, tenté une récidive. Comme le souligne l’Organisation non-gouvernementale Alliance Voahary Gasy (AVG), l’équipage chinois profite des brèches électorales, où les autorités et l’opinion publique sont concentrées sur le vote. Le bateau désormais au nom de Flying a déjà tenté une première incursion, le 6 novembre, soit la veille du premier de la présidentielle. Echappant de peu à une interception, Flying s’est réfugié dans les eaux territoriales des îles voisines de Madagascar. Sa deuxième tentative qui lui a valu une arrestation, coïncide avec le deuxième tour, hier. Le fait que le navire éteignait systématiquement ses transpondeurs et même ses lumières à certains moments, à l’approche des côtes malgaches a éveillé les soupçons sur lui. « Il y a deux probabilités. Il est revenu, soit parce qu’il n’a pas encore pu embarquer sa cargaison, soit parce qu’il a pu avoir est insuffisant. Ils ont cassé le mécanisme d’ouverture de la cale, ce qui pourrait vouloir dire qu’ils cachent quelque chose », indique le ministre de la Défense nationale, joint au téléphone. Une enquête plus serrée devrait démarrer dès l’arrivée de Flying au port de Toamasina. Une touche diplomatique Les informations indiquent que l’équipage de Flying n’aurait accepté de se rendre qu’à la demande de l’ambassade chinoise. Selon les explications du ministre de la Défense nationale, toutefois, le personnel de bord qui est chinois aurait appelé leur ambassade au secours puisque nos navires, dont des bateaux réquisitionnés, ont pris Flying en chasse. « L’ambassade a contacté le commandant des forces navales qui lui expliqué qu’il s’agit d’une opération des autorités malgaches et que le navire était considéré comme suspect. Il a été demandé à l’ambassade de demander à l’équipage de se rendre sans opposer de résistance s’il sont, à nouveau en contact », explique le général Rasolofonirina. Ndranto Razakamanarina, président du conseil d’administration de l’AVG craint qu’une touche diplomatique influe sur le courant de l’enquête. « Il faudrait tout de suite ouvrir les cales pour voir ce qu’il y a dedans et ne pas perdre de temps », soutient-t-il. L’officier général indique que les antécédents et le comportement du navire durant les deux derniers mois et les refus d’obtempérer aux somations l’ont mis en infraction. Ce qui devrait limiter une éventuelle démarche diplomatique. L’AVG requiert, par ailleurs, une enquête sur les caches des bois de rose et les « commanditaires réels », sur terrain. Durant la conférence de presse d’hier, il a expliqué que des surveillances des plages et des points de sortie des bois, tout comme, les petites embarcations pouvant approvisionner le navire ont déjà été opérés dès que la présence de Flying a été confirmée. Tout comme l’AVG, les autorités se seraient entendues à débusquer les commanditaires et que l’action d’hier, ne soit plus qu’un coup d’épée dans l’eau.
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