J’en ai marre !


On ne vit plus dans cette ville. On n’y survit même plus. On y meurt dans le sens littéral du terme. Depuis la préparation de la visite du Pape, l’horreur engendrée par les travaux des routes va en s’accentuant. Le nombre d’accidents matériels et physiques augmente tous les jours car à peine si les gens ne s’entretuent pas. Chaque soleil levant, dans cette cité on voit des gens tous à bout de nerfs en arriver aux mains. La santé physique et psychologique des Tananariviens en prend un sacré coup. Petits et grands sont noyés dans les gaz toxiques des voitures. Du matin au soir, le stress est à son comble. On parle beaucoup des charges et des conséquences que cet étouffement engendre sur l’économie. Parlons aussi des conséquences humaines. Voyez-vous, les enfants pour aller à l’école doivent partir de chez eux de plus en plus tôt, aller courir derrière des bus avec toute la violence que cela suppose. Des heures et des heures dans ces tas de ferraille inconfortable. Puis après une longue journée de travail, la saga des bus et des embouteillages recommence. Nos enfants sont obligés de partir de la maison vers six heures et ne sont de retour que vers dix-neuf ou vingt heures. Est-ce normal ? Comment peut-on se taire avec une telle situation ? Les travailleurs perdent au moins quatre heures par jour dans les transports en commun ou en marchant en espérant pouvoir aller plus vite. Comment voulons-nous qu’une fois à la maison ils puissent jouer proprement leurs rôles de parent ? Comment pensons-nous qu’une fois au bureau ils puissent avoir un quelconque rendement. Peu importe où nous allons, nous voyons des gens fatigués, blasés, énervés, mal nourris. Des gens qui ne vivent plus, qui n’ont plus de vie de famille, qui n’ont plus le temps pour être des citoyens qui ont des droits. Vendredi soir, il a fallu une heure et plus pour faire quelques mètres du côté d’Ankoron­drano. Entre le centre commercial « La City » aux marchands de fleurs, qui est à peine quelques pas, les voitures étaient totalement coincées. Dans ce contexte on voit ressortir toute la négativité des gens sous pression. Tout le monde voulait à tout prix avancer de quelques centimètres. C’est comme si tous ceux qui étaient dans la rue à cet instant-là étaient prêt à égorger l’autre. La situation est juste anormale au point où l’on se demande qui joue à quoi ? Qui joue à nous faire mourir à petit feu ? Les travaux des routes sont les bienvenus et tout à fait normal mais il y a certaines limites à ne pas dépasser. Cette limite de l’acceptable est déjà atteinte. Juste avec du bon raisonnement on pourrait soulager les Tananariviens en commençant par alterner les travaux, travailler de nuit, etc. L’armée et les forces de l’ordre ont bien démontré leurs compétences et leur nombre lors des visites des dirigeants du Rwanda et du Vatican. Que tout ce beau monde sorte des casernes pour veiller à la paix et à la sécurité physique et psychologique des Tananariviens. PS. Merci aux Barea, au moins on a des sujets positifs de discussions dans les enfers des embouteillages. Bravo
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