Conclusions provisoires


1. Les Malgaches ne connaissent pas l’adage électoral «au premier tour, on choisit ; au second tour, on élimine». Ils ont fait un «vote utile» dès le 7 novembre, ne tenant aucun compte des éventuelles propositions des 33 autres candidats que les deux finalistes auraient pu reprendre à leur compte pour élargir leur assiette électorale au second tour. Ni «13» ni «25» ne peuvent donc savoir qui et quelles idées, leur sont compatibles. 2. Les électeurs auraient pu donner plus d’ampleur à certaines idées dignes de considération : ce devait être le choix du premier tour. Mais, dans cette surenchère de décibels cacophoniques que fut cette campagne électorale, sans doute leur avait-il été impossible d’entendre le murmure des idées. Si certains manifestes avaient été «plébiscités» à 10%, ils auraient pu servir de base de discussions à de futures alliances aux législatives voire à une véritable valeur ajoutée dans le Gouvernement. La démocratie représentative, c’est aussi l’apprentissage d’une alliance et l’éducation à cette posture incombe à des partis politiques qui ne soient pas simplement circonstanciels. 3. Aucun des 32 «petits» candidats n’est «propriétaire» des voix qu’il ou elle a récoltée au premier tour. Par exemple, les un peu moins de 24.000 voix récoltées par «9», alors même qu’elle s’était retirée, comment garantir qu’elles la suivent dans son ralliement déjà annoncé à «13» ? Même si additionnés les «zéro virgule» font un gros 15%, l’insignifiance de leur score individuel rendrait encore plus anecdotiques des velléités de marchander ce maigre matelas, surtout que quasiment personne n’était adossé à une structure ancrée dans le passé et pérenne dans l’avenir. 4. Les voix que «12», le président sortant, a recueillies font de lui «le président sortant le plus mal aimé de l’histoire». Ses successeurs s’interrogeront longtemps sur l’opportunité d’une candidature de trop, quand on a si catastrophiquement communiqué sur ses propres réalisations, et alors qu’il était difficile de faire encore pire que la période précédente. En 2014, le mandat avait commencé par un plagiat resté célèbre : «Je demande à mes amis qui m’ont accompagné jusqu’ici de me laisser libre, libre d’aller vers les autres, vers celui qui n’a jamais été mon ami, qui n’a jamais appartenu à notre camp, à notre famille politique, qui, parfois, nous a combattu». Dans une Chronique du 28 janvier 2014, je lui conseillais de se garder également de ceux qu’il pense ses amis. Paradoxalement, s’il avait appliqué à la lettre l’esprit de ce plagiat, le désaveu n’aurait pas pris cette dimension d’humiliation. 5. Le prochain président de la République saura, à la lumière des mésaventures de son prédécesseur immédiat, ce qu’il faut penser des appoints, qui ne représentent qu’eux-mêmes, et ce qu’il ne faut pas faire des «havana raha misy patsa», ceux qui courent chaque fois au secours de la victoire. Quelle moralité si les traîtres de la dernière minute devaient être récompensés après avoir plombé de leurs casseroles le précédent mandat ?! 6. Lequel des deux finalistes peut être certain de son socle de voix ? Paradoxalement, la bipolarisation précoce du premier tour remet les pendules à zéro pour le second. C’est une autre campagne électorale qui commence et d’abord à convaincre l’autre moitié de l’électorat qui n’a pas été voter. Là se trouve la vraie réserve de voix. Cette remise à zéro oblige également la CENI à corriger toutes les anomalies dénoncées au premier tour. 7. Paradoxe ou ironie, mais nous voilà à prendre pour acquis des résultats chiffrés par une structure, la CENI, décriée par tout le monde pour ses nombreuses défaillances. Alors que, nous sommes en mode «faire comme si», les analyses et projections se basent sur des chiffres dont personne n’est 100% certain qu’ils soient véridiques. Pour la légitimité de ces résultats, et en attendant qu’une élection des temps modernes soit organisée avec des moyens modernes, il suffirait que tacitement chaque candidat concède ce «fait politique».
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