Crise sanitaire - La nation morcelée


La propagation du coronavirus amène l’Etat à barricader des régions, tandis que d’autres le font de leur propre gré. Cela donne l’image d’un pays morcelé, avec des régions confinées ou qui s’auto-confinent. UNE situation iné­dite. Outre les directives sanitaires édictées par l’Etat central, chaque région essaie tant bien que mal de s’organiser pour définir une stratégie de riposte efficace contre le coronavirus. Les initiatives régionales donnent, cependant, l’image d’un pays fractionné. Jamais le principe d’autonomie voulue par la décentralisation n’aura été mis en application par les autorités locales, que durant cette crise sanitaire, visiblement. En parallèle au Centre de commandement opérationnel Covid-19 (CCO), érigé par l’Etat, les régions ont mis en place les leurs. Ces Collectivités territoriales décentralisées (CTD), ces derniers jours, ont pris des initiatives locales, au motif de la protection des habitants de la propagation du coronavirus. Dans la plupart des cas, les décisions sont calquées sur celles de l’Etat central. Ce dernier a décidé d’interdire l’entrée et/ou la sortie des régions considérées comme épicentre de l’épidémie dans le pays. C’est le cas, notamment, pour la région Analamanga, reconfinée depuis déjà deux semaines. Bien que les directives sanitaires soient allégées dans la région Atsi­na­nana, ses frontières restent verrouillées. Des cas de contamination à la Covid-19 commencent à être recensés dans des régions, relativement, épargnées par le virus, ces derniers jours. Face à la dizaine de cas recensés sur place, les autorités de la région Antsimo Andrefana ont décidé de barricader, à leur tour, les frontières de cette CTD. Harmonisation nécessaire D’autres responsables régionaux ont fait de même. Des décisions soit, pour maîtriser la propagation du virus, soit afin d’éviter qu’il ne fasse une incursion sur « leur territoire ». Les régions Vatovavy Fito Vinany, Diana, Menabe, ou encore, Bongolava, entre autres, se sont, également barricadées. D’autres décident de limiter autant que possible la circulation des personnes. Pour la région Vakinan­karatra, par exemple, l’interdiction formelle d’entrée et/ou de sortie, ne s’applique, jusqu’ici, que pour les voyageurs venant, ou allant vers Analamanga. Lorsque l’ordre public est en jeu, ou une situation présente un danger public, le pouvoir déconcentré ou décentralisé peut prendre des décisions au niveau local, explique un administrateur civil. A circonstance exceptionnelle, mesure exceptionnelle donc. Même la tradition doit se plier face aux directives sanitaires. L’Etat a édicté que l’interdiction de sortir et/ou entrée dans la région Analamanga s’applique, aussi, aux convois funèbres. L’interdiction de réunion oblige, même les veillées funèbres et les enterrements sont réduits à une formalité, avec une assistance réduite. Pareillement, pour l’enterrement, à Analamanga, surtout. Ne sont présents que les membres de la famille les plus proches. Une formule fortement recommandée par certaines autorités régionales. L’objectif commun est de lutter contre la propagation de la Covid-19. Les responsables régionaux, de prime abord, ne partagent pas tous le même point de vue sur la position à adopter dans cette crise sanitaire. Le gouvernorat de la région Matsiatra Ambony, dans une publication sur sa page Facebook, le 16 juillet, regrette d’être « enfermé ». En cause la décision de ses voisions de fermer leurs frontières. « Nous avons décidé de donner une chance à l’économie dans le Betsileo qui comprend les régions Amoron’i Mania, Matsiatra Ambony et une partie de la région Ihorombe », ajoute la publication, pour expliquer pourquoi les frontières de la région n’ont pas été fermées. La dernière fois que le pays a connu l’isolement d’une région était, durant la crise politique de 2002. La crise sanitaire semble plonger le pays dans « une balka­nisation progressive ». Les régions sont, pourtant, économiquement interdépendantes. En évaluant le niveau de risque, l’Etat central a, justement, décidé d’alléger les dispositifs sanitaires dans les localités ailleurs qu’Analamanga. Au regard de la situation, une intervention de l’administration centrale s’avère nécessaire, pour harmoniser les initiatives décentralisées, surtout face aux enjeux socio-économiques.
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