Balance ton corona


Au début, être contaminé par le coronavirus était un motif d’exclusion de la société malagasy. Un brin conservateur et puriste. Animée d’une fausse pudeur. Comme s’il s’agissait d’une maladie de la honte. Au même titre que le SIDA. Aussi, ceux qui ont eu le malheur de la choper, avaient intérêt à dissimuler leur cas. Pour ne pas supporter le supplice des regards, et ne pas entendre les qu’en dira-t-on. Ils étaient devenus des personae non grata partout où ils passaient. Une attitude « malsaine » qui a conduit le professeur Hanta Vololontiana Marie Danielle, porte parole du Centre de commandement opérationnel-Covud-19 à ne plus dévoiler ou localiser les foyers de propagation du virus. Des habitants de la commune d’Alakamisy-Fanoarivo victimes de cette mauvaise réputation à cause de l’inconscience d’une seule personne, ont dénoncé cette forme de discrimination, préjudiciable à leur existence. Des employés sains venus des quartiers ayant abrité des clusters ont été refoulés en allant au travail. Il leur a été exigé des certificats attestant leur test négatif à la Covid-19. Alors que partout dans le monde des personnalités politiques (Boris Johnson, Vincent Trudeau et Jair Bolsonaro), des têtes couronnées (Prince Charles, Albert de Monaco), des stars du cinéma (Tom Hanks et son épouse), des sportifs de haut niveau (Blaise Matuidi, Rudy Gobert, Novak Djokovic), ont rendu public leur positivité au coronavirus. Mais peu à peu, au fil des quinze jours dédiés à l’état d’urgence sanitaire, les Malgaches ont fini par s’accommoder de la pandémie. D’une part, le mouvement de panique à l’annonce des premiers trois cas importés, n’a pas disparu par la décision des autorités de reconfiner les habitants de la région Analamanga, mais il a diminué d’intensité. Les ruées vers les grandes surfaces et les « pillages » des pharmacies se font avec parcimonie, respectueuse de la distanciation sociale. D’autre part, des contaminés ont jeté leurs masques, partagé leurs angoisse sur les réseaux sociaux. Des guéris ont raconté leur vécu. Comme l’a fait Paul Rabary, ancien ministre de l’Éduca - tion nationale, qui a vaincu le mal à l’issue d’une lutte à mort et sans merci. Son collègue au sein du gouvernement d’Olivier Mahafaly, le professeur Lalatiana Andriamanarivo lui a emboîté le pas par des révélations sur de simples astuces pouvant sauver des vies. Comme des bains de soleil ou des aliments à base de fruits et légumes. Même ceux qui enterrent les morts du coronavirus affichent les photos des victimes sur les faire-parts. Les traditions avant, pendant et après les inhumations, ont été modifiées par les mesures sanitaires. Des changements auxquels les Malgaches commencent aussi à accepter sans broncher.
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