Un bien trop maltraité parfois


Il existe toutes sortes de violences à l’égard des enfants, parmi lesquelles les pratiques liées à l’éducation, au sein de la famille, à l’école ou dans la communauté. Selon une étude faite par le ministère de la Population au début du siècle, dans la périphérie d’Antananarivo et sur quelques villes de la côte Est, le mauvais traitement des enfants dans ce cas ont en principe, trois principales causes. Il y a d’abord l’échec scolaire lorsque l’enfant ne parvient pas à suivre le niveau de sa classe et qu’on le contraint à abandonner l’école pour cette raison ou une autre. Il y a ensuite le fait que l’enfant n’est pas désiré parce qu’il se trouve dans une famille nombreuse, ou dissociée par suite d’un remariage. Il y a enfin le refoulement de ce que les parents ont vécu. D’après les enquêteurs, « l’éducation qui fait l’objet de pratiques violentes n’est pas seulement celles qui se déroule à l’école, mais aussi celle qui se passe en famille, à l’église, dans la rue et dans la vie en général ». Pour la plupart des adultes qui répondent à la question sur la place de l’enfant dans la société malgache, « l’enfant est l’avenir de la nation, il appartient aux parents de dépenser de l’énergie et de l’argent pour que leurs enfants réussissent à l’école ». Toujours d’après les enquêteurs, « les causes de la violence sont ainsi le retard et l’inadaptation scolaire des enfants ainsi que la peur qu’ils deviennent des délinquants plus tard ». Les parents qui font des sacrifices pour envoyer leurs enfants à l’école, sont violents envers eux. En effet, ils ne tolèrent pas les mauvaises notes et recourent à la violence pour leur inculquer et leur faire assimiler des connaissances. D’autres parents rêvent d’un avenir meilleur pour leurs enfants, mais ils ne peuvent pas les envoyer à l’école à cause des frais de scolarité hors de portée. Par dépit, ils en veulent à leurs enfants et se comportent vis-à-vis d’eux avec violence. Par ailleurs, la violence qui accompagne l’autorité pédagogique est assez fréquente. « Des institutrices usent de violence sur leurs élèves au moindre écart de ceux-ci. Elles font d’eux leur souffre-douleur pour une raison ou une autre», se plaignent la plupart des parents dans les deux sites d’enquête. D’après les enquêteurs, il est très difficile d’établir la statistique réelle des enseignants qui battent leurs élèves, pourtant ces pratiques constituent une entrave à l’éducation de l’enfant. De même, ils ne peuvent établir la corrélation entre « les mauvais traitements infligés aux enfants » et « le niveau scolaire des parents », car, comme l’affirment les instituteurs interrogés, ce sont les parents qui n’ont pas d’instruction qui battent leur progéniture. En tout cas, l’éducation des parents exerce une forte influence sur l’éducation des enfants. Ainsi en milieu rural, ceux dont les parents sont instruits, ont plus de chance d’être scolarisés et passent plus d’années à l’école. Mais les filles ont moins de chance de fréquenter l’école au-delà du niveau primaire. Bref, les enfants des paysans ont moins de chance d’être scolarisés et plus de chance d’abandonner l’école. « Le fait s’explique par l’incapacité des parents à supporter les frais de scolarité par suite du faible niveau des revenus. » La pauvreté des ménages constitue, hors de l’école, une contrainte majeure à l’éducation. Parmi les ethnies présentes à Vatomandry et à Ilaka-Est, les Betsimisaraka accusent un taux d’analphabètes le plus élevé. Leurs enfants sont les moins scolarisés et sont pénalisés sur le marché du travail. À Ambohidratrimo, les enfants sont une main-d’œuvre familiale, à la maison pour les filles et dans les champs pour les garçons. Lorsque les travaux domestiques ou dans les champs qui ne sont pas rémunérés, exigent beaucoup de temps, ils sont tout simplement retirés de l’école. À Antananarivo, les enfants interrogés sur l’abandon scolaire en donnent diverses causes pour légitimer leur situation de travailleur : « On a migré à Ambohidratrimo et je n’ai pas pu continuer à étudier. » « Je travaille parce qu’on n’a pas d’argent à la maison. » « Je ne sais pas étudier.» « Mes parents n’ont plus les moyens de m’envoyer à l’école. » « Je suis paresseuse. » Des parents d’Ivato interrogés sur la violence éducative répondent ainsi : « La famille et la rue éduquent les enfants en plus de l’école! » L’éducation concerne le corps et l’esprit et, à ce propos, beaucoup de choses changent dans la manière et le moyen de transmission du savoir et de l’expérience, à cause des changements dans le mode de vie. « La violence devient un mode de transmission de savoir-faire. » Moralité : « La violence éducative est synonyme de sacrifice pour l’enfant qui doit s’y attendre afin d’être plus tard un adulte digne, un olom-banona. »
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