Conjoncture politico-sociale - Les forces armées sur leurs gardes


Une note du ministère de la Défense nationale consigne tous les camps, casernes et postes militaires. La conjoncture politico-sociale et la situation sécuritaire en est le motif. Consignés. Tel serait le mot d'ordre au sein des camps militaires depuis quelques jours. Certaines informations indiquent que la mesure était de mise lors de la session des Assemblées parlementaires francophones (APF). Une source avisée parle, toutefois, d'une note émanant du ministère de la Défense nationale, renforçant cette mesure « exceptionnelle ». Selon les explications de cette source, « le motif de la note avance que la mesure est prise, vu la conjoncture politico-sociale et la situation sécuritaire dans le pays ». L'armée et la gendarmerie nationale sont concernées par cette correspondance administrative. Outre les camps militaires, casernes et même les postes avancés, des bérets noirs sont consignés. L'octroi des permissions est également suspendu. Ceux déjà en permission sont rappelés. « Tous les éléments doivent rejoindre leur camp ou poste d'attache », confie la source. Dédramatisant le sujet, un officier général contacté parle « d'une simple mesure administrative », inhérente aux rendez-vous internationaux qu'accueille le pays. Outre l'APF, du 8 au 12 juillet, il y a eu la Coupe Davis le week-end dernier, s'ensuivront les jeux de la Commis­sion de la jeunesse et des sports de l'océan Indien (CJSOI), à la fin du mois. Selon les explications, cette mesure est surtout en prévision du sommet du marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA), et celui de la francophonie, respectivement en octobre et novembre. En plus de la consignation des camps, un dispostif de sécurité particulier a effectivement été déployé durant l'APF. Aux patrouilles motorisées des forces de l'ordre, des éléments militaires, notamment à pied et armés ont sillonné les quartiers commerciaux et populaires de la capitale. « Avec ces rendez-vous, plusieurs étrangers sont dans nos murs et avec le contexte sécuritaire mondial, il nous faut renforcer la sécurité », ajoute l'officier général. Conjoncture Certes, mais le motif de la note du ministère de la Défense intrigue, cependant. L'attentat de Mahamasina, le 26 juin, a certainement laissé un goût amer aux responsables de la défense et de la sécurité. L'objectif est que pareil cas ne se reproduise plus. Une information venant d'une source auprès des services de renseignements fait justement état « d'une intention de faire un carnage lors de l'un des rendez-vous internationaux à venir, dans l'objectif de compromettre la tenue du sommet de la francophonie ». Concernant l'attentat de Mahamasina, la position de l'Exécutif est pourtant affirmée, il s'agit d'un « acte politique, commandité par des politiciens dans l'objectif de déstabiliser le pouvoir ». S'ajoutant à la position de l'Exécutif, la sortie du mouvement « Mitsangana ry Malagasy » à Andrefan'Ambo­hijanahary, le 9 juillet, a exalté la conjoncture. L'objectif scandé durant cette réunion est de défaire le président de la République. Si le pouvoir soupçonne ses adversaires politiques d'être à la manette de l'événement meurtrier de Mahamasina, une des pistes retenues par les enquêteurs est l'existence d'une éventuelle complicité d'éléments des forces de l'ordre, notamment militaire. Lors de la première conférence de presse des responsables de l'État major mixte opérationnel national (EMMO-NAT) sur l'attentat de Mahamasina au camp Ratsimandrava, le représentant de l'État-major de l'armée avait reconnu que les grenades offensives sont classées parmi les armes de guerre dont l'accès est strictement réservé aux militaires. Le commandement des forces armées, et même le président de la République ont déjà, à quelques reprises, concédé l'existence d'élé­ments à tendance séditieuse dans les rangs de la grande muette. Ces derniers jours, certains débats de société agitent aussi l'actualité. La période particulière actuelle pourrait expliquer le fait que la conjoncture politico-sociale soit l'un des motifs de la correspondance du ministère de la Défense. L'autre raison, qui est la sécurité, pourrait découler d'une mesure décidée par le conseil du gouvernement, qui consiste en un renforcement des dispositifs de sécurité sur tout le territoire et dans les institutions. Une conséquence à l'attentat de Mahamasina, mais aussi à l'attaque meurtrière de « Dahalo », à Beroroha, peu avant la fête nationale. Garry Fabrice Ranaivoson
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