Didier Ratsiraka en pré-campagne


À la célébration du 40e anniversaire du parti Arema, Didier Ratsiraka a soutenu que le pouvoir et ses opposants partagent la responsabilité dans l'instabilité ambiante. Subtilement. Comme à son habitude, mais tout en étant lisible dans ses objectifs, Didier Ratsiraka, ancien Président, a taclé le gros de la classe politique, samedi. Devant la presse, en marge de la célébration du 40e anniversaire du parti de l'Avant-garde pour la rénovation de Madagascar (Arema), l'ancien homme fort de la 2e République a soutenu que le pouvoir et ses opposants avaient une responsabilité partagée quant à la conjoncture actuelle. Questionné sur son avis face à la montée en crescendo des hostilités politiques, ces derniers temps, l'amiral Ratsiraka, a répliqué : « c'est une mauvaise habitude des Malgaches. Mais il n'y a pas de fumée sans feu. Personne ne peut dire qu'il a entièrement raison ou que les autres ont tort à 100%. La loi n'est pas respectée, par les opposants, mais aussi, par les dirigeants ». Dans sa réponse, l'ancien Président a souligné qu'il « ne parle pas seulement des dirigeants actuels, mais aussi, de leurs prédécesseurs ». Une répétition allégorique dont le nombre semble mettre l'administration Rajaonarimampianina, Rajo­elina et Ravalomanana dans le même sac. Il est de réputation dans le microcosme politique que Didier Ratsiraka ne dit rien au hasard. « Si les dirigeants respectent la loi, la situation ne serait pas telle qu'elle est, aujourd’hui. Personne ne suit la Constitution. Les mêmes causes produisent les mêmes effets », argue l'auteur du Livre Rouge. Élection Il semblerait que l'amiral ne prédit pas la durabilité à ses successeurs, étant donné que les anciens chefs d'État Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, n'ont effectivement pas fait long feu à la tête du pays. Un destin qui, à entendre Didier Ratsiraka, pourrait être celui du président Hery Rajao­narimampianina. La longévité de l'Arema au pouvoir a été mise en avant, à Toa­masina. Avec l'intégralité de la 2e République ajoutée à cinq ans durant la 3e République, Didier Ratsiraka a passé près de 25 ans au pouvoir. Les temps de l'amiral Ratsiraka au pouvoir se sont, toutefois, systématiquement soldés par un soulèvement populaire l'évinçant du pouvoir. En déclarant, « les mêmes faits produisent les mêmes effets », l'amiral pourrait être en connaissance de cause. Bien que la politique de l'Arema et sa gouvernance du pays ne soient pas exemplaires, l'objectif à Toamasina était, visiblement, de mettre le parti Rouge au dessus du lot dans l'arène politique, avec comme objectif l'élection présidentielle de 2018. Une autre réplique de l'Arema rappelée aux souvenirs de l'assistance, à Toamasina, est le Livre Rouge. « Le Livre Rouge n'est pas encore périmé. Il a permis de faire de grandes choses dans ce pays et servira de base au programme politique que l'Arema compte présenter pour redresser le pays », a déclaré Didier Ratsiraka. Le parti qui prévoit de tenir des consultations dans les vingt-deux régions est, vraisemblablement, en mode préparatif à la présidentielle. Reste à savoir, à part lui-même, qui sera le favori de l'amiral pour porter l'étendard rouge. Garry Fabrice Ranaivoson
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