PROCÈS - Lola Rasoamaharo plaide non coupable


Rolland Hubert Rasoamaharo ou Lola a été jugé pour une histoire de vol de courant constaté chez La Gazette de la Grande Île en 2018. Le tribunal se prononcera le 26 mai. Hier, au palais de justice, à Anosy, peu avant 9h, une Jeep transportant Rolland Hubert Rasoa­maharo ou Lola, est entrée au portail. Déposé au parking intérieur, ce président directeur général de la Gazette de la Grande Île, actuellement Journal de l’Île rouge, descend, enlève une chemise, serre la ceinture et marche tout en ayant l’air en pleine forme. « Ça va ? Cette fois c’est sérieux ! », s’adresse-t-il avec sourire à quelques journalistes devant lui. Après un petit moment d’attente dans la salle 3. La présidente d’audience a rejoint son siège. Elle a annoncé plusieurs renvois avant de procéder à l’appel sur les dossiers à trancher. Des procès liés à un non-rapatriement de devise, à une infraction douanière, à un accident corporel et à un trafic d’or se sont déroulés l’un après l’autre pendant plusieurs heures avant d’arriver au tour du patron de presse à 13h30. L’homme aux cheveux blancs qu’est Lola a été appelé à la barre pour répondre de vol de courant. Pour leur part, deux agents de la Jirama ont été accusés de tentative d’extorsion de fonds. Les débats houleux sur ces affaires différentes ont duré jusqu’à 14h15. L’infraction imputée Rolland Hubert Rasoa­maharo remontait en juillet 2018 quand l’équipe de la Jirama a effectué un contrôle au siège de la Gazette de la Grande Île. Une seconde visite y a été réalisée le 1 août 2018. Un branchement direct de courant et sans compteur y avait été constaté, causant un préjudice de soixante-neuf millions d’ariary. D’emblée, la défense de Lola Rasoamaharo a demandé l’annulation de l’affaire car selon elle, son client n’a été convoqué que mars 2023. Ce qui signifie que le délai légal de poursuite est déjà dépassé. De plus, la saga opposant la Jirama à La Gazette était déjà passée par la Cour d'appel commercial. Le ministère public a évoqué une erreur matérielle à régulariser pour répondre à l’avocate de l’accusé. Après une passe d’armes entre eux, la présidente a décidé de poursuivre l’audience. Lola a nié son inculpation. « C’était en 2018 quand j’étais encore actionnaire. En plus, j’étais à l’extérieur. Je ne sais rien du vol de courant », s’explique-t-il.

Factures impayées

Les employés de la Jirama accusés ont confirmé qu'un branchement illicite avait eu lieu chez La Gazette. Ils sont soupçonnés d'avoir tenté de soutirer de l'argent à cette entreprise de presse, des faits qui avaient amené un responsable de l'époque, déjà décédé, à porter plainte contre eux. «Nous ne nous mêlons pas à leur affaire. Nous sommes ici pour le cas de Lola», assène l'avocate du patron de La Gazette. L'avocat général a insisté sur le fait que Lola devrait être au courant des problèmes de sa société. Il réclame l'application d'une peine contre lui. Sa défense a immédiatement rappelé la définition de «actionnaire». De son côté, l'avocat constitué de la Jirama en a profité pour exhumer la situation de nombreuses factures impayées de La Gazette. «Nous exigeons le versement de ces factures de rappel s'élèvant à quatre cent millions d'ariary, plus les dommages et intérêts de trente millions d'ariary. Pour ces deux employés, nous recommandons l'arrêt des poursuites puisque le plaignant n'est plus en vie», exprime-t-il lors de sa plaidoirie. «Mais est-ce que nous débattons ici des factures ou du vol de courant ? En fait, le branchement en question n'était pas chez Lola qui est une personne physique. L'infraction concerne une personne morale. Elles ont chacune une personnalité juridique. Nous demandons à ce que le dossier soit examiné en tant que dossier. Sinon, nous suggérons l'acquittement pur et simple, même pas au bénéfice du doute, de notre client», termine l'avocate de l'homme fort de la Gazette de la Grande Île. La présidente a clôturé la séance en annonçant que l'affaire sera délibérée le 26 mai. Les trois accusés ont pu se disposer au bout de quarante-cinq minutes. Rolland Hubert Rasoa­maharo, accueilli et entouré par ses collègues à La Gazette et d'autres journalistes dans la salle présentait un air sans crainte.
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