Sécurité - «Il y a une stratégie du désordre», selon le général Rakotonirina


Un atelier portant sur la Réforme du secteur de la sécurité se tient au CCI Ivato, jusqu’à aujourd'hui. Le but est de mettre à jour les champs d’application du concept face aux nouveaux enjeux sur la sécurité. Il y a une stratégie du désordre». C’est en ces mots que le général Richard Rakotonirina, ministre de la Défense nationale, résume la situation sécuritaire à Madagascar. Un constat qui découle de l’analyse des données collectées depuis l’année 2019, explique-t-il. Durant son allocution d’ouverture d’un atelier portant sur la redynamisation du processus de la Réforme du secteur de la sécurité (RSS), au Centre de conférence international (CCI), Ivato, le ministre de la Défense nationale a été cash sur les enjeux actuels dans le domaine de sécurité. «Le but est de protéger la population face à des acteurs non-étatiques qui monopolisent la violence pour nuire au développement», déclare-t-il. Selon le général Rakotonirina, l’État à qui appartient le monopole de la violence, en principe, fait face à la concurrence de «groupes criminels». Ces derniers auraient même des liens avec «des mafias presque politiques», à s’en tenir à son allocution d’hier au CCI. Sur sa lancée, il soutient que «l’économie criminelle est en train de prendre le pas sur l’économie informelle à Madagascar». Il parle, également, de «violence qui se décentralise avec l’usage illicite d’armes létales». Depuis quelques mois, le trafic de drogues dures s’installe dans l’économie criminelle à Madagascar. La prolifération des armes illicites semble inarrêtable malgré les efforts comme le mois de l'amnistie des armes. S’agissant du monde rural, le ministre de la Défense nationale parle «d’une insécurité rurale d’une nouvelle génération». Les bandits ne se limitent plus aux vols de bovidés mais s’adonnent aussi aux kidnapping. Les destructions de village et de bâtiments administratifs sont traduites comme des défiances envers l’Etat, à entendre les discours d’hier. Sécurité humaine Le concept de «violence connectée», a également, été soulevé durant la première journée de l'atelier sur la redynamisation de la RSS, hier. Une situation favorisée par la démocratisation de la technologie de l’information et de la communication. Mettre à jour la stratégie sécuritaire pour répondre efficacement à l’évolution des menaces est ainsi l’objectif des deux jours de cogitation au CCI Ivato. Le volet stratégique donc, mais également, la question légale, la dimension structurelle, les coûts et la question opérationnelle seront réévalués. A Madagascar, le processus de RSS a été engagé depuis 2014. Une démarche financée par le fonds d’aide à la consolidation de la paix de l’Union africaine. Comme l’indique le général Rakotonirina, «être éligible à ce fonds n’est pas une fierté. Cela signifie que le pays a rencontré de grands problèmes sur le plan sécuritaire». C’est la RSS qui a déclenché la réforme de l’armée et le redéploiement de la gendarmerie nationale et la police nationale, pour être plus proche de la population et permettre une meilleure efficacité d’action. La réforme du secteur sécurité implique aussi une approche globale de la lutte contre l’insécurité. Parlant de huit piliers de la sécurité, elle engage des acteurs autres que les Forces de défense et de sécurité (FDS), dans la lutte contre l’insécurité. Il y a par exemple, l’administration du territoire, le système judiciaire et même le Parlement et la société civile. La concrétisation de la RSS à Madagascar table sur un plan s’étalant sur vingt ans. La concrétisation de la RSS a démarré en 2017, par la mise en place du Secrétariat permanent à la défense et sécurité nationale (SPDSN). L’atelier qui se tient depuis hier au CCI Ivato, faisant suite à des ateliers régionaux depuis quelques semaines, est une première évaluation de la mise en œuvre du processus de RSS. Outre les menaces précitées, les conséquences des menaces globales sont, également, prises en compte. La spécificité de la RSS est, en effet, qu’elle prend en compte toutes les dimensions de «la sécurité humaine».
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