Assemblée nationale - Surenchères pour le poste de vice-président


Les tractations vont bon train autour de l'élection du vice-président de la Chambre basse pour la province de Toamasina. Un épisode qui peut servir de baromètre de la situation politique à Tsimbazaza. Un révélateur. L'élection du vice-président de l'Assemblée nationale pour la province de Toamasina pourrait réserver quelques surprises. Une nouvelle élection, prévue mardi et qui pourrait confirmer la redistribution des cartes politiques qui se trame à la Chambre basse. Depuis le début du mandat des députés, l'Assemblée nationale est dominée de la tête et des épaules par le groupe parlementaire «Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina» (IRD). La configuration du bureau permanent le démontre. Sur les douze membres, au départ, dix sont issus des rangs des Oranges. Tous ont été candidats uni­ques. Ils n’ont laissé qu’un siège de questeur au groupe parlementaire d’opposition « Tiako i Madagasikara» (TIM), et le poste de rapporteur général aux députés du Groupe parlementaire uni pour la République (GPR). De l’eau a coulé sous les ponts, depuis. Selon les indiscrétions, le GPR et «ses alliés», veulent s’affirmer comme une force politique avec laquelle il faudra compter à l'Assemblée nationale. Il voit en l'élection du vice-président de l’institution pour la province de Toamasina, une occasion pour cela. Ce siège est vacant depuis la nomination de Michelle Bavy Angelica comme ministre de la Popu­lation. «Il est évident que l’IRD aura un candidat. Seulement, le GPR mène des tractations pour présenter un candidat au poste de vice-président, également», confie un élu Orange. Jusqu’à l’heure, il n’est pas acté s’il y aura une entente entre les deux groupes pour un candidat unique, ou si les deux formations parlementaires entrent en compétition. Dans les deux cas de figure, cependant, il semble que l’omnipotence de l’IRD à Tsimba­zaza commence à être contestée. Électron libre Le GPR a déjà joué un mauvais tour à la majorité lors de la dernière session extraordinaire. C'était lors de l'élection des deux représentants de l'Assemblée nationale, à la Haute Cour constitutionnelle (HCC). Avec le soutien du TIM, il est parvenu à écarter un des favoris du pouvoir, au profit de William Noelson, haut conseiller constitutionnel. Outre le TIM, le GPR est, également, parvenu à convaincre quelques membres de l’IRD à rouler avec eux sur ce coup. Le GPR a surfé sur la frustration de ces derniers. Ils seraient mécontents de l’attitude de certains membres de l'Exécutif vis-à-vis d’eux. Visiblement galvanisé par cette prouesse, le GPR compte continuer à s’arroger un siège de vice-président au sein du bureau permanent de la Chambre basse. Dans son discours de clôture de la session extraordinaire de la Chambre basse, le 26 mars, Christine Razanamahasoa, président de cette institution, a déclaré, «(...) j’attire l’attention des responsables politiques afin qu’ils décortiquent ces résultats car il y a des failles à résorber». Elle a fait référence aux résultats de l'élection des représentants de l'Assemblée nationale à la HCC. A demimot, la dame au perchoir a reconnu qu’un malaise couve au sein de son institution. Que c'était la raison de ce coup de théâtre. À entendre les interventions de quelques députés de la majorité lors de la séance plénière au lendemain de la cérémonie d’ouverture de cette session ordinaire, ils ont toujours quelques ressentiments vis-à-vis de certains membres du gouvernement. Pris entre deux feux, des membres du bureau permanent seraient, également, régulièrement interpellés par leurs pairs à la Chambre basse. Ces élus frustrés pourraient profiter de l'élection du vice-président pour la province de Toamasina, pour faire une nouvelle piqûre de rappel. L'élection des membres du bureau permanent se déroule par vote secret. Ce qui permet de contourner l'impératif constitutionnel de s’en tenir à «la ligne de conduite du groupe parlementaire». Des députés craignent, pourtant, que le secret ne soit pas respecté pour les votes en ligne. Le GPR gravite, visiblement, au gré des intérêts. Un électron libre qui bouscule, visiblement, l’ordre établi au sein de l’institution de Tsimbazaza. Ses jeux d’alliance y ajoutent un caractère imprévisible. Un paramètre à prendre en compte dorénavant pour l'Exécutif. Outre les procédures législatives, les bruits sur une éventuelle recomposition du gouvernement pourraient faire grimper les surenchères.
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