Développement - Avancée progressive vers la transition énergétique


Depuis une décennie, le pays vit dans une crise énergétique sans précédent. Une conséquence de l’absence de vision. Mais les choses sont en train de changer avec le recours à d’autres sources d’énergie. Le secteur de l’énergie est arrivé à saturation à Madagascar. La compagnie nationale Jirama peine en effet à fournir correctement la demande en électricité à ses abonnés et son infrastructure de distribution n’arrive plus à suivre l’extension des villes malgaches. Parallèlement à cela, le réseau électrique public malgache n’alimente que 15% de la population du pays et la Jirama n’est opérationnelle que grâce à une subvention publique estimée autour de 1 000 milliards d’ariary l’an dernier. En dehors des futures réformes et investissements engagés ou projetés par la Jirama, le pays, riche en ressources d’énergies renouvelables, s’oriente progressive- ment à leur exploitation. Plusieurs entreprises privées sont déjà opérationnelles dans ce secteur, dont les principales ressources sont l’énergie solaire et l’hydroélectricité. Contrairement à d’autres pays d’Afrique, ces ressources naturelles disponibles pour le secteur à Madagascar démontrent un paradoxe que le pays commence à briser, en s’avançant progressivement vers sa transition énergétique. Avec un taux d’ensoleillement annuel important, estimé à 2 800 heures ou une moyenne de 320 jours par an (source: Banque Mondiale), la Grande Île dispose également de plusieurs cours d’eau et de fleuves qui offrent un potentiel de 270 projets de barrages hydroélectriques, toutes tailles confondues (source: Banque Africaine de Développement-BAD). Cette situation, couplée à la dépendance aux combustibles fossiles et au prix fluctuant du fuel pour les générateurs thermiques, oblige la Grande Île à se tourner vers les énergies renouvelables, d’autant que la demande des industries secondaire et tertiaire a augmenté au fil des années. La transition énergétique est ainsi considérée comme obligatoire afin de soutenir les futures demandes. L’exploitation des énergies naturelles confère à Madagascar un triple avantage indéniable: l’allègement de la pression économique sur la Jirama; l’exploitation des ressources d’énergie propres et gratuites dont le pays dispose en masse, à savoir le solaire et l’hydroélectricité ; et les bénéfices des ressources propres visant la réduction de l’empreinte carbone du secteur dans le pays. Les projets en cours se sont multipliés ces dernières années, et se divisent en deux catégories : les grandes infrastructures dédiées à l’alimentation en électricité urbaine et les infrastructures locales pour les petites villes et villages isolés. Priorité aux PPP Il faut savoir que Madagascar veut, à terme, atteindre 800 MW de capacité totale de production d’électricité. Il faut se souvenir que le précédent gouvernement avait proposé une politique nationale de l’énergie où le mix énergétique était de 85% de renouvelables contre 15% de thermique, avec une couverture de distribution à 70%. Parmi les institutions de financement qui appuient cette transition, la BAD est très présente dans les grands projets d’infrastructures énergétiques à Madagascar, dont le projet de barrage hydroélectrique de Sahofika est le plus important. Son vice président, Kevin Kariuki, chargé de l’Énergie, du Changement climatique et de la Croissance verte en Afrique, avait déclaré en mai 2020: «Le soutien au projet Sahofika illustre l’engagement de la BAD à fournir un accès à l’énergie abordable et de qualité à travers le continent pour une croissance durable et inclusive, tout en aidant les pays membres à exploiter de manière responsable leurs vastes ressources énergétiques renouvelables, mais sous-exploitées. En tant que plus grand projet hydroélectrique en cours de développement dans le pays, le projet Sahofika va libérer le potentiel hydroélectrique de Madagascar et diversifier son mix énergétique en faveur des énergies renouvelables à 90%». Ce projet d’une capacité de 2 0 0 MW, géré par le consortium Neho et destiné à alimenter le réseau interconnecté d’Antananarivo et le sud de la capitale, est en cours de négociation avec le gouvernement malgache, et fait partie des quelques projets d’hydroélectricité à Madagascar, parmi lesquels se trouve également le barrage de Volobe initié par Jovena et SN Power dans la région Atsinanana avec une capacité de 120 MW pour alimenter 360 000 foyers, financé par Africa50, la BAD, la Société Financière Internationale (SFI) et la Proparco. Ces projets privilégient le partenariat public-privé (PPP) dans leur montage afin d’optimiser leur construction et leur exploitation sous concession à travers un contrat de fourniture d’électricité à la Jirama. La décision pour la construction de ces projets devrait survenir cette année, sachant que l’État a également identifié d’autres zones afin d’installer d’autres barrages hydroélectriques.
Plus récente Plus ancienne