Des avocats africains contre deux professeurs français et LCI - Deux membres du barreau de Madagascar dans la liste


Ras-le bol. Les propos des deux professeurs français Camille Locht (directeur de recherche à l’Inserm) et Jean Paul Mira (chef de service de réanimation à l’hôpital Cochin de Paris) sur la télévision parisienne LCI en début de ce mois, sur l’éventualité d’une expérimentation du traitement coronavirus en Afrique continue de susciter indignation, colère et émoi dans l’opinion africaine. Certes, l’Amiral Didier Ratsiraka lors de son interview sur Tv Plus semble apaiser la tension. Ce qui n’est pas le cas des avocats défenseurs de la démocratie et amoureux de l’Afrique éparpillés dans le monde. Au nombre d’une vingtaine, ils ont envoyé une lettre ouverte pour ne pas dire une interpellation au président de la Commission de l’Union africaine. Sur ce groupe, citons Maîtres Eric Marcel Razafimahefa et Ulysse Hassanaly de Madagascar, Me Dick Ng Sui Wa de l’île Maurice ainsi que des Maîtres Saïd Larifou, Mzimba Ibrahim, Abdoulbastoi Moudjahidi et Idriss Mze Mogne de l’archipel des Comores, pour ne citer que les avocats de l’océan indien. D’après eux, le message des deux professeurs français « est inadmissible » ! Comment « en ce 21ème siècle, sur une chaîne de télévision française, des individus, profitant de cette crise sanitaire, prennent la liberté d'exprimer publiquement leur mépris et leur dénigrement fondé sur le régionalisme et la différence de race en toute impunité comme s'ils bénéficiaient d'une immunité totale » Ils rappellent à toute la communauté internationale que le continent africain n'est le terrain d'expérimentation de personne : « Il (ndlr : le continent africain) entretient avec chacun d'entre eux des rapports respectueux et d'égalité. Il n'a de leçons à recevoir d'aucun autre continent ». Toutefois ce collectif s'interroge sur la volonté ou l'aptitude des voix africaines autorisées à porter ce message à leurs partenaires habituels : « (…) depuis la sortie de ces deux professeurs, aucun pouvoir politique africain, ni aucune instance continentale ou sous régionale n'a trouvé matière ou intérêt à donner de la voix pour rappeler les règles du jeu, ou pour montrer la voie nouvelle à nos partenaires alors que la préoccupation soudaine de certaines autorités occidentales pour l'Afrique en priorité laquelle n'est pourtant pas la plus impactée actuellement par cette pandémie, aurait dû être regardée comme une générosité suspecte ». Le groupe annonce qu'en accord avec plusieurs associations de défense des droits humains en Afrique et en Europe, il entend initier prochainement des procédures judiciaires contre ces deux chercheurs français ainsi que la chaîne de télévision française LCI qui leur a offert sa tribune pour réaliser leur forfait. Et c’est dans ce sens que ce collectif d’avocats sollicite que l'Union africaine à se positionner à ses côtés dans ce combat pour le respect de la personne humaine en général et la dignité de l'Afrique en particulier. Ces avocats brandissent les articles 2 et 5 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples stipulant que tout individu a droit au respect et à la dignité inhérente à la personne humaine et à la reconnaissance de sa personnalité juridique sans distinction de races ou toute autre distinction. Ces juristes affichent une détermination d’aller loin. Reste à savoir quelle est l’attitude, la réponse de la Commission de l’Union africaine, précisément de son président. À suivre.
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