Début réussi de la culture de tabacs


On ignore, en 1965, l’époque exacte de l’introduction des tabacs corsés-tabacs à feuilles épaisses, gemmeuses, à taux de nicotine élevé (3% à 4%). Et l’on n’est pas plus avancé pour affirmer si les Portugais établis dans le pays depuis 1 500, sont leurs premiers importateurs ou si cette introduction revient aux Français qui occupent en 1644, Fort-Dauphin, en y construisant une forteresse. C’est ce que l’on peut lire dans le numéro spécial dédié au ministère des Finances et édité par le Bulletin de Madagascar en 1965. Toutefois, Étienne de Flacourt, dans un ouvrage sur l’Histoire de Madagascar publié en 1661, mentionne « l’abondante présence dans le pays, d’un tabac de qualité très appréciée ». Il fait remonter la culture de cette plante dans la Grande île, à une date plus lointaine. En fait, le Malgache est essentiellement amateur du tabac à chiquer et, dans les années 1960-70, montre une certaine réticence à délaisser la poudre à mâcher pour la cigarette. Par expérience, les Malgaches savent à l’origine les exigences de cette plantation et trouvent « les fonds des vallées, les terres d’alluvions, les anciennes rizières desséchées ainsi que les sols enrichis artificiellement, comme les anciens parcs à bœufs, particulièrement propices à cette culture ». Ils utilisent alors, comme fumure, du fumier de zébu, de porc, de mouton et, plus rarement, de cheval. Comme séchoir, ils se servent de l’intérieur de la case d’habitation où la dessiccation des feuilles s’obtient par un séjour d’une semaine environ. Par contre, l’introduction dans le pays des tabacs légers, destinés à la fabrication des cigarettes et des mélanges pour pipe, est connue et se situe en 1920. C’est à cette date que la Régie française des tabacs (Seita) envoie dans la Grande île une mission de techniciens de la culture du tabac, chargée d’y prospecter les possibilités de production de cette variété. Pour délimiter des zones réservées à la culture du tabac, qui est réglementée à partir de 1932, l’organisme français doit, en effet, prendre en considération le problème d’approvisionnement des manufactures locales en tabacs corsés. La Mission étudie ainsi les diverses phases de la production tabacole malgache, depuis sa structure actuelle, ses techniques variétales et culturales, son implantation géographique jusque et y compris ses débouchés et ses perspectives d’avenir. L’article du numéro spécial du Bulletin de Madagascar indique que, sur le plan structurel, l’exploitation tabacole malgache se divise en deux grandes catégories. La première est l’exploitation de type familial. Elle est conçue pour favoriser la production paysanne par le fait que la conduite de la fermentation du tabac et de son conditionnement définitif, est effectuée par la Mission aux lieu et place du planteur. Une telle production familiale livre à la Mission du tabac en vert. Mais elle s’intéresse aussi à la production de tabacs corsés dans le secteur du Vakinankaratra, et à celle des tabacs légers dans les régions des lacs Alaotra et Itasy, ainsi que dans les bassins de la Bemarivo et de la Betsiboka. Quant à la production industrielle sur concession, elle est assurée par des exploitations européennes qui ont la possibilité et le moyen de livrer leur tabac en sec, c’est-à-dire après fermentation. Hormis dans les vallées de la Sofia et du Kimangoro qui ont pour centres Port-Bergé et Mampikony, la culture des tabacs légers est pratiquée sous ce régime. Sur le plan de la technique variétale, après l’étude et l’appréciation des variétés locales, suivies des essais d’acclimatement de diverses variétés, la culture du Maryland est généralisée sur les zones de tabacs légers. Car cette variété acquiert, pendant plusieurs décades, la faveur de la clientèle. Cependant, en 1958, les velléités de baisse manifeste du goût du public pour le Maryland provoquent à l’époque, une politique de reconversion de la production tabacole. Celle-ci est orientée vers l’acclimatement des variétés Virginie et Burley, très appréciées des connaisseurs. Quant aux techniques culturales, celles pratiquées en France pour les tabacs air curing, sont introduites et divulguées. Cette technique se fait en semis sous abris, suivis de plantations en ligne, d’épamprement (suppression des feuilles inutiles), d’écimage, et enfin d’installation de séchoirs…
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