Il pleut un lac


Prévisions météo sur cinq jours : pluie. J’aime qu’il pleuve. Et que l’eau, à force de tomber du ciel, reprenne ses droits partout où, en association de malfaisants, la prévarication des signataires de complaisance et l’avidité des opérateurs immobiliers sans scrupules urbanistiques se sont conjuguées pour déverser des milliers de mètres cubes de terre volée aux collines. Je ne démords pas de cette vieille idée* de creuser des lacs de retenue pour que cette eau ne se perde pas simplement à la mer. La surface occupée par ces lacs de retenue seront autant de mètres carrés sauvés des remblais et préservés des prétendues «zones de développement mixte» des communes semi-rurales qui livrent aux terrassements les bassins versants. Remblayer un lac, comme à Imerimanjaka ou à Ambohidratrimo, voilà la triste idée contemporaine de la modernité. Quand on n’a pas les moyens d’une voie sur pilotis, pour ne pas entraver la circulation de l’eau et de la vie qu’elle draine, on devrait renoncer à des travaux publics prétentieux. Ce by-pass, cette route-digue dans Laniera, cette rocade qui va d’AnkorondRANO à AmoronANKONA en passant par AndRANObevava, c’est de la terre entassée pour étouffer l’eau de céans. Et, double peine environnementale, ces voies publiques directement assises sur l’eau attirent les remblais privés aussi opportunistes qu’inopportuns. Antienne inlassable et discours répétitif jamais écouté, et d’autant plus jubilatoire quand l’eau reprend ses droits comme lors de l’épisode de janvier-février 2022. Dans le Laniera, alors transformé en lac, des poches de tant d’eau auront survécu un an. Depuis tout à l’heure, tant d’eau partie à la mer aurait pu remplir un lac artificiel. * Farihy-dobo-kamory tsy ritra fararano (Mamalan-kira 17.04.2019)
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