Parlement - Pot d’adieu au Sénat


Le rideau est tombé sur la Chambre haute dans sa configuration actuelle. Lors de la prochaine session, dix-huit nouveaux sénateurs siégeront à l’institution d’Anosy. L a boucle est bouclée. Les membres actuels du Sénat tirent leur révérence. La cérémonie de clôture de la seconde session ordinaire du Parlement, hier, a été la dernière danse pour les soixante-trois sénateurs qui siègent au palais de verre d’Anosy. Le mandat des actuels membres de la Chambre basse arrive à terme, en janvier. Leurs successeurs seront connus lors de la proclamation par la Haute Cour Constitutionnelle (HCC), des résultats des élections sénatoriales du 11 décembre. La cérémonie y afférente devrait se tenir lors de la deuxième semaine du mois de janvier. S’ensuivra, une session spéciale, qui marquera officiellement, le début de mandat des nouveaux sénateurs, qui durera cinq ans. La cérémonie de clôture d’hier, a alors, été l’occasion pour Rivo Rakotovao, prochainement président sortant du Sénat, de faire une rétrospective des cinq années de mandat des premiers sénateurs de la quatrième République. Un quinquennat qui n’a pas été de tout repos. Durant les trois premières années, la Chambre haute était le reflet de la domination de la scène politique par le parti « Hery vaovao ho an’i Madagasikara » (HVM), alors au pouvoir. La première péripétie politique que le Sénat traverse tombe en octobre 2017. Honoré Rakotomanana, président du Sénat à l’époque, a été amené à être remplacé par Rivo Rakotovao, président jusqu’ici. « Un choix politique », affirmé et assumé par ce dernier, dans son discours d’hier. Un choix politique imposé par une disposition constitutionnelle relative à l’élection présidentielle. Relation difficile La Loi fondamentale veut qu’un président de la République en exercice candidat à sa propre succession soit tenu de démissionner de son poste, soixante jours avant le scrutin. Le parti HVM a donc, fait le choix que son président national assure l’intérim à la tête de l’État. La candidature de Hery Rajaonarimampianina, ancien chef d’État, pour un second mandat était, en effet, déjà dans les plans. Ces deux dernières années, le Sénat a traversé une forte zone de turbulence qui coïncide avec l’entrée en scène de Andry Rajoelina, président de la République. La suppression de la Chambre haute qu’il estime « budgétivore », fait partie, en effet, de ses engagements de campagne. Ses intentions ont, toutefois, été barrées par les dispositions constitutionnelles, qui ont été soulignées dans un avis de la HCC. Dès le début de l’administration Rajoelina, la cohabitation entre l’Exécutif et le Sénat est compliquée. Rivo Rakotovao l’a souligné, hier, en déclarant, « notre relation avec l’Exécutif, à partir de 2019, a été difficile, puisque c’est le président de la République, lui même, qui a la volonté de supprimer le Sénat ». Ne pouvant traduire en acte les intentions présidentielles, l’Exécutif a décidé de réduire considérablement le budget du Sénat. Suivant les termes de l’ordonnance modifiant la loi organique sur le Sénat, l’effectif des futurs sénateurs est réduit, à dix-huit. Ces derniers mois, le décaissement du budget du Sénat a connu un blocage au niveau du ministère de l’Economie et des Finances. Pour la dernière réunion des membres de la Chambre basse, cependant, c’est Richard Randriamandrato, grand argentier de l’État, qui a représenté le Premier ministre, durant la cérémonie de clôture de session, hier. Ce dernier a cristallisé la frustration des sénateurs face au blocage du budget de leur institution. Un autre épisode que le président du Sénat ne semble pas digérer, jusqu’ici est l’adoption « définitive », par l’Assemblée nationale du projet de loi de ratification de trois ordonnances, dont celle modifiant la loi organique sur le Chambre haute. Convoquées à siéger en Commission mixte paritaire (CMP), les deux Chambres parlementaires n’ont pas pu trouver une entente. Dénonçant une « illégalité », Rivo Rakotovao affirme qu’il n’a pas signé le procès verbal ayant déclenché la décision de requérir l’adoption définitive par la Chambre basse.
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