RECHERCHES AGRICOLES - Madagascar s’active


[caption id="attachment_138629" align="alignright" width="577"] Inauguration des nouveaux équipements de laboratoire et de serres par le Président de la République, Andry Rajoelina, 11 mars 2022 au siége du FOFIFA.[/caption] Les activités de recherche agricole sont considérées par le Système des Nations Unies à Madagascar comme un prérequis au développement. Raison pour laquelle les autorités veulent multiplier les initiatives menées à travers le Système National de Recherche Agricole. Les autorités marquent leur volonté de donner davantage de vigueur à la recherche agricole à Madagascar pour atteindre l’objectif d’autosuffisance alimentaire et booster l’économie agricole. Cette orientation se matérialise notamment par l’appui de divers programmes de recherche mais aussi par la modernisation des équipements. Ainsi, le Centre National de Recherche Appliqué au Développement Rural (FOFIFA), organisme pilier dans le domaine des recherches agricoles à Madagascar, a été doté récemment d’un laboratoire de santé des plantes et les serres d’expérimentation et de production variétale. Selon les explications fournies, ces investissements permettront de cerner les problématiques phytosanitaires des cultures, l’identification des ennemis des cultures et des alliés des cultures dans le but de favoriser une agriculture durable, d’améliorer la productivité agricole. Le laboratoire de santé des plantes va aussi renforcer le dispositif en santé et en amélioration de culture ainsi que la collaboration scientifique avec les autres laboratoires spécialisés en bioagresseur à Madagascar. Les serres d’expérimentation et de production sont, pour leur part, destinées à la production de boutures de manioc indemne de virose et également à l’étude de la biologie des bioagresseurs des cultures. La mise en place de ces deux infrastructures entre dans le cadre du projet FoodSec financé par l’Union européenne, mis en œuvre à Madagascar depuis 2021 dans les régions Vakinakaratra, Analamanga, et Itasy par le FOFIFA avec l’appui du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD). Il est à noter que le FOFIFA produit déjà des semences certifiées utilisées par les producteurs locaux. Selon le Président de la République, Andry Rajoelina, ces nouvelles réalisations sont d’un intérêt stratégique majeur pour le développement du secteur agricole à Madagascar. Du côté du Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage (MINAE), on soutient que le renforcement des recherches agricoles figure parmi ses priorités. Ce département note aussi que les recherches représentent également un enjeu de taille dans la lutte contre le changement climatique à travers la production de semence de qualité et certifié garant d’une agriculture performante résiliente et résistante aux effets du changement climatique et aux ravageurs. À savoir, en outre, que le pays collabore avec le Groupe Consultatif pour la Recherche Agricole Internationale (CGIAR) qui est un consortium international de centres de recherche agronomique intervenant dans plus de 80 pays. Madagascar bénéficie des recherches et des innovations de ce Groupe à travers l’Africa Rice, l’International Potato Center et l’IITA (Institut International d'Agriculture Tropicale). La mission du CGIAR consiste à faire progresser la recherche, la science et l'innovation en agriculture et en alimentation afin d’augmenter les rendements agronomiques et de garantir à des millions de personnes, principalement dans les pays à faible revenu l’accès à une nourriture riche et diversifiée. Le CGIAR Madagascar a dévoilé dernièrement les résultats des recherches et produits réalisés à partir de ses interventions dans le pays. Parmi ceux-là, il y a la production de nouvelles variétés de riz Fofifa 188, Fofifa 189, Fofifa 190, 191 192 193 développées par l’Africa rice avec le FOFIFA. Le développement de variétés de patate douce à chair orange, l’introduction de nouveaux outils pour la mécanisation de l’agriculture tels que les semoirs mécaniques et la sarcleuse motorisée et la technique d'étuvage de riz sont aussi parmi les réalisations récentes. On sait en outre que les différentes parties prenantes du secteur agricole ont été réunis pour planifier la mise en œuvre conjointe de la recherche et innovation pour le développement du secteur agricole à Madagascar. [caption id="attachment_138628" align="alignleft" width="626"] Le pays a besoin de se doter en matériels de recherche modernes.[/caption] Le riz comme priorité Toujours selon le MINAE, la filière rizicole est le premier bénéficiaire des efforts consentis au profit de la recherche agricole. Et de département ministériel de donner en exemple la réalisation du Projet de recherche international – FY VARY, un acronyme de « Fertility sensing and Variety Amelioration for Rice Yield » ou Détection de la fertilité et amélioration variétale pour le rendement du riz, en partenariat avec le Japon. Ce dernier qui intervient à travers la JICA (Japan International Cooperation Agency). Il a aussi été indiqué que le projet, mené en collaboration avec des institutions de recherches japonaises, visait à élaborer « des techniques de production de riz à vulgariser pour améliorer la productivité même en conditions de sol à faible apport en intrants et peu fertiles. Le projet intitulé « Malagasy Agricultural Knowledge and Innovation System (MAKIS) » s’intéresse aussi à la filière rizicole. Il bénéficie d’un financement de l’Union européenne pour une durée de 5 ans (2022-2027) et vise à comprendre le fonctionnement et identifier les leviers et les freins de l’innovation rurale dans 9 régions de Madagascar (Analamanga, Itasy, Vakinankaratra, Alaotra Mangoro, Amoron’i Mania, Analanjirofo, Androy, Vatovavy, Fitovinany et DIANA). Pour ce faire, il adopte une méthodologie basée sur une analyse systémique interdisciplinaire en combinant les problématiques agricoles, nutritionnelles, économiques, environnementales, anthropologiques et sociologiques ainsi que les interactions entre le bien-être des ménages agricoles, leurs conditions de vie et leur résilience. Le Projet MAKIS fait intervenir plusieurs entités dont le FOFIFA, l’ONG GRET, Agrisud ou encore le CIRAD Madagascar. Dans ce cadre, les responsables vont expérimenter en partenariat avec les opérateurs de développement des dispositifs d’accompagnement de la recherche et l’innovation agricole pour formuler des propositions de renforcement des capacités institutionnelles d’accompagnement. Parmi les résultats attendus de cette initiative, notons la diversification des contextes d’innovation de l’agriculture familiale malgache. Le fonctionnement et les performances des différents dispositifs d’accompagnement de l’innovation (AKIS) à Madagascar seront aussi analysés et les dispositifs d’accompagnement de l’innovation implantés dans les zones d’intervention des Programmes AFAFI (Appui au Financement de l'Agriculture et aux Filières Inclusives) par les ONGs partenaires seront améliorés. Ces dispositifs constituent un réseau d’expérimentation de nouvelles approches d’innovation dans le domaine de l’agriculture, a-t-on expliqué. [caption id="attachment_138627" align="alignright" width="462"] Madagascar compte environ 200 chercheurs agricoles.[/caption] Adaptation au changement climatique Les responsables soulignent également que les recherches agricoles visent à s’adapter aux effets du dérèglement du climat. C’est dans le cadre qu’a été lancé le projet d’Adaptation des chaînes de valeur agricoles au changement climatique (PrAdA). Des études concernant le suivi phénologiques des cultures sélectionnées préalablement par le projet PrAda pour les régions Androy, Anosy et Atsimo Atsinanana ont été menée. Les chaînes de valeur agricoles sélectionnées sont le ricin et l’arachide pour la région Androy, l’oignon pour la région Anosy et le Gingembre, le Caféier, le Vanillier et le Poivrier pour la région Atsimo Atsinanana. En ce qui concerne les zones d’études, le FOFIFA assure le suivi phénologique des chaînes de valeurs identifiés pour la partie est de l’île. A noter que le FOFIFA dispose d’un centre de recherche à Toamasina et des parcelles d’expérimentation à Ivoloina. Les variables étudiées concernent ceux qui affectent potentiellement la phénologie des cultures dont les variétés et l’écartement des pieds (densité de semis/de plantation). Le choix des variables s’est fait en fonction de la culture (annuelle ou pérenne), de la région et des pratiques identifiées chez les producteurs. Les observations portent sur les critères morphologiques apparus sur les plantes et définis comme étant les stades phénologiques. Une apparition d’un stade distincte et clairement reconnaissable constitue le « grand stade ». Les stades d’évolution entre le passage des grands stades constituent les « stades intermédiaires ». Chaque stade a été attribué d’un code respectif. La fréquence d’observation se définit en fonction des stades et des cultures. En plus des observations et de la notation des stades phénologiques, des études sur les composantes de développement des cultures, notamment le développement de la biomasse aérienne (degré de couverture du sol et hauteur) et racinaire, ainsi que la production ont été réalisés. « Les études phénologiques sont très importantes pour accompagner les activités de recherche liées à l’augmentation de la production des cultures. La baisse de production peut être liée à plusieurs facteurs dont principalement le choix de l’itinéraire technique, le choix variétal et les conditions pédoclimatiques », a-t-on souligné. Les résultats de cette première étude ont montré que les stades phénologiques dépendent essentiellement des conditions pédoclimatiques et des caractères variétaux des cultures. Seuls les itinéraires techniques qui engendrent un microclimat spécifique au sein du pied ou au niveau de la parcelle présentent un effet significatif sur les dates d’apparition des stades phénologiques comme le cas d’un tuteur mort et d’un tuteur vivant sur le poivrier. Les effets de la densité de plantation sur les dates d’apparition des stades phénologiques n’ont pas été mis en évidence pour les cas où le développement des plantes est limité par les conditions biotiques. Les entretiens sur les cultures pérennes n’affectent pas directement les stades phénologiques des pieds pour l’année en cours. Cette étude a permis de développer des guides de suivi phénologique basé sur les observations sur le terrain, d’analyser les paramètres de développement et de production des cultures. En plus des observations phénologiques, cette étude a également permis de caractériser les clones de poivrier et les hybrides de caféier disponible à la station expérimentale du FOFIFA à Ivoloina.

VERBATIM

Pr Aimé Lala Razafinjara, Directeur général du FOFIFA

« Madagascar vise l’autosuffisance alimentaire et ambitionne de devenir le grenier de l’océan Indien. Ces objectifs nécessitent nombre de travaux de recherche agricole. Nous devons aussi développer des partenariats internationaux pour la réalisation des projets de recherche. C’est pour cette raison que Madagascar a adhéré à des organisations comme l’Africa Rice ».

Dr Harold Roy-Macauley, directeur régional Afrique de l’Est et du Sud du CGIAR.

« Le Groupe Consultatif pour la Recherche Agricole Internationale (CGIAR) travaille à établir une collaboration étroite avec le Ministère malgache chargé de Recherche scientifique afin de renforcer la recherche scientifique appliquée dans le domaine de l’agriculture. La consolidation du partenariat entre les deux parties se manifestera à travers des stages et des formations dans les centres agronomiques du CGIAR, des projets de recherche communs mais également la mise en place d’écoles spécialisées ».

Café arabica - Une filière à dynamiser

Le café arabica de Madagascar figure parmi les filières profitant des initiatives actuelles en matière de recherche agricole. Variété caféière de haute altitude, très sensible à la maladie de la rouille, le café arabica fait l’objet de recherches afin d’améliorer sa qualité et d’augmenter sa production. Le FOFIFA a collaboré avec la société Nestlé pour un test d'adaptabilité de nouvelles générations issues des croisements entre les différentes variétés existantes à. « Le café arabica est le café le plus demandé sur le marché international à cause de sa qualité supérieure. Pourtant elle n’occupe que 5% de la production nationale trusté par le café robusta. De plus cette variété n’a jamais évolué depuis son introduction à Madagascar en raison de son non adaptation aux conditions climatiques et pédologiques des hautes terres », a fait savoir le FOFIFA qui a aussi expliqué que l’amélioration de la variété est d’un intérêt particulier pour relancer la filière et conquérir le marché international. Pour cela, le projet « Café Ratelo » a été lancé par le FOFIFA en collaboration et l’appui financier du Centre de Recherche et Développement Nestlé. Il consiste à la création de nouvelles variétés de caféiers et de tester leur performance agronomique suivant la technique de culture biologique et d’obtenir plus d’information sur l’adaptabilité dans 5 zones écologiques de Madagascar. « La mise en œuvre de ce projet démontre l’importance de la valorisation des produits de la recherche à Madagascar ainsi que la potentialité des produits agricoles malagasy », a soutenu le Secrétaire Général du MINAE, Fanja Raharinomena, lors du lancement officiel du projet qui s’est tenu le 11 novembre dernier à la Direction Générale du FOFIFA. Créé en 1974 à la suite du départ des instituts français de recherche agricole, le FOFIFA est la principale institution de recherche agricole du Système National de Recherche Agricole à Madagascar. Cet Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial effectue toutes les recherches intéressant le développement rural, à part certaines recherches d’accompagnement exécutées dans les structures rattachées directement à la production (cas du blé, de l’orge, de la pomme de terre, du tabac…)

LA RECHERCHE AGRICOLE EN CHIFFRES

 
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