ADMINISTRATION PUBLIQUE - Prolifération des détournements de deniers publics à Antananarivo


Le rapport d’activité opérationnel de la direction territoriale du BIANCO à Antananarivo, fait écho au constat du rapport au niveau national. Il y a une profusion de détournement de deniers publics. Un constat implacable. Le rapport d’activité opérationnelle de la direction territoriale d’Antananarivo, du Bureau indépendant anti-corruption (BIANCO), l’atteste. Les cas de détournement de deniers publics ont le vent en poupe. “Malheureusement, aucun secteur n’est épargné. Tous les secteurs de l’administration publique sont concernés. Tout est pollué”, déplore Faramalala Rakotoarisoa, directrice de la branche territoriale d’Antananarivo du BIANCO. Un regret affirmé durant une discussion en marge de la présentation du rapport d’activité opérationnel de sa direction, à Ambohibao, jeudi. Selon l'exposé fait à Ambohibao, les détournements de l’argent public s’accompagnent quasi- systématiquement d’abus de fonction. La branche territoriale du BIANCO dont le siège se trouve également à Ambohibao, est chargée de la province d’Antananarivo. Le constat affirmé jeudi découle de la compilation des doléances, des dossiers traités par cette entité et remis à la Justice, pour le compte de l'année 2021. La majorité des soixante-dix-sept enquêtes bouclées et transmises à la Justice, l’année dernière, concerne donc des détournements de deniers publics, conjugués notamment, à de l’abus de fonction, ou du favoritisme. Les dossiers jugés ont causé à l’État un préjudice d’environ 7 milliards d’ariary. Le constat affirmé par Faramalala Rakotoarisoa, jeudi, fait écho aux faits déplorés par Laza Eric Donnat Andrianirina, directeur général du BIANCO, le 23 septembre. Durant la présentation du rapport d’activité annuelle, au niveau annuel, pour le compte de l’année 2021, le patron du Bureau anti-corruption a fustigé la prolifération des détournements de deniers publics. Dans une interview publiée le 9 octobre, il qualifie la situation “d’hémorragie”. Éthique Dans cette interview publiée le 9 octobre, Laza Eric Donnat Andrianirina ajoute, “ce sont quasiment tous les secteurs qui sont concernés. Ce qui est grave, c’est que ce phénomène est constaté à tous les niveaux aussi. Donc tous les secteurs et tous les niveaux de responsabilité”. Comme explication à cette hémorragie de détournements des deniers publics, le numéro un du BIANCO avance la thèse du manque d’éthique des dépositaires de responsabilité au sein du système de gouvernance publique. Les autres types d’infraction ayant fait l’objet de doléances déposées auprès de la branche territoriale d’Antananarivo du BIANCO, rapportés jeudi, tendent à confirmer ce manque d'éthique des acteurs de l’administration publique. Les cas de concussion foisonnent, également. Il s'agit de la perception illicite d’argent par une autorité publique ou une personne chargée d’une mission de service public. La corruption passive et la corruption active est en tête de peloton également, dans la liste des infractions traitées. La branche territoriale d’Antananarivo du BIANCO a, par ailleurs, profité de la présentation de son rapport d’activité opérationnelle, jeudi, pour mettre en avant une méthodologie d’action. Depuis l’année dernière, le BIANCO, notamment, son démembrement pour la province d’Antananarivo procède “à la saisie ou au gel des biens ou des fonds présumés mal acquis”, dans le cadre de ses enquêtes. Les saisies ou les gels doivent, néanmoins, être préalablement adoubés par la Chambre de saisie et de confiscation au niveau parquet du Pôle anti-corruption (PAC). Pour le compte de l’année 2021, la branche territoriale du BIANCO à Antananarivo a procédé au gel d’environ 16 milliards d’ariary. L’écart entre cette somme et les 7 milliards d’ariary indiqué préalablement intrigue, pourtant. Faramalala Rakotoarisoa souligne, toutefois, qu’au final c’est à la Justice, lorsqu'elle rend son verdict, de statuer si le bien saisi, ou l’argent gelé sont effectivement le fruit d’activités illicites ou non. Ce qui explique cet écart donc. Pour cette année 2022, des indiscrétions confient qu’un des gros dossiers en cours d’investigation auprès de la branche du BIANCO à Antananarivo concerne les indemnités estimées exorbitanes allouées aux hauts responsables de la Jirama. Dans le cadre de cette enquête, l’entité sise à Ambohibao indique que des véhicules neufs destinés à être les voitures de fonction desdits hauts responsables auraient été saisis. Faramalala Rakotoarisoa a été questionnée sur ce point. Au motif de secret de l’enquête, elle a refusé de s’exprimer sur le sujet. Elle n’a cependant pas réfuté l’existence d’une investigation sur ce dossier.
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