Lutte difficile contre les « tavy »


Les travaux d’aménagements des rizières de bas-fonds en zone forestière, après dix années d’efforts pour protéger les forêts, « sont réalisés sur une trop petite échelle pour qu’on puisse constater une réduction importante des tavy corrélative à la création des rizières irriguées ». D’après les techniciens, là encore, il faut une « action persévérante et continue » de l’encadrement pour que les populations des forêts s’habituent à une technique nouvelle pour eux. De plus, « à noter un obstacle d’ordre gastronomique, le riz de tavy est, paraît-il, bien meilleur que le riz irrigué! » (Bulletin de Madagascar, septembre 1961). Dans la province du Nord, l’aménagement de la Mahavavy conçu dans sa grosse infrastructure par la direction générale des Travaux publics, est repris par le Génie rural en 1953-1954. Le projet étudié par la SNTP (Société nationale des travaux publics) ne tient pas compte de certaines données hydrauliques. Ainsi, l’absence d’un barrage de dérivation ne permet pas d’alimenter à plein le canal adducteur. De ce fait, on ne peut prévoir l’irrigation de 18 000 ha de la plaine. D’un autre côté, la modification des données économiques vient compliquer la solution du problème : la production de canne à sucre, dont le seul acheteur est la Sosumav (Société sucrière de la Mahavavy), ne peut être augmentée, en raison de la conjoncture internationale que reflètent les dispositions du plan sucrier. « Il faudra ou bien reprendre une extension des rizières ou rechercher l’implantation d’une nouvelle culture industrielle comme le coton, par exemple. » En même temps, en vue d’extensions futures, le barrage de dérivation manquant est étudié et son financement devra intervenir « dans un délai de deux à trois ans si l’on veut continuer à mettre en valeur des terres nouvelles ». Les techniciens évoquent aussi le réseau Marovoay-Karambo, qui est l’exemple du périmètre dont les autorités s’occupent « par périodes séparées d’éclipses ». Dans cette zone, l’aménagement primitif d’un périmètre réduit date de 1920-1925. Il est exploité jusqu’en 1948, mais les travaux d’entretien ne sont pas exécutés de 1940 à 1948 à cause de la guerre. Les ouvrages sont gravement endommagés par cet abandon, au point qu’en 1950, le réseau ne peux plus fonctionner normalement. Profitant des travaux d’extension demandés à l’époque, les crédits alloués permettent de le remettre en état en même temps que la conquête de nouveaux terrains (périmètre de la Karambo). En 1960, la période de transformation imposée par le retour de l’Indépendance, la mise en place laborieuse d’une « association d’usagers » sans moyens financiers suffisants, posent à nouveau le problème de l’entretien sur une surface de 4 000 à 7 000 ha. « Il serait souhaitable que toutes les précautions soient prises pour éviter un abandon et, ensuite, des travaux confortatifs coûteux. » Quant à la région du lac Alaotra, elle bénéficie de travaux très importants qui font l’objet de beaucoup de controverses. Avant 1950, les marais qui constituent la frange ouest du lac, sont à peu près inexploités. Des études montrent, tant sur le plan hydraulique que sur le plan agricole et économique, l’intérêt d’aménager de grandes surfaces. Les sols se prêtent particulièrement à la culture du riz de luxe en vue de l’exportation. Les études faites à la station agricole de l’Alaotra montrent que cette culture peut être entreprise avec succès grâce aux conditions économiques et aux variétés sélectionnées. La présence de rizeries d’une capacité surabondante et d’une infrastructure ferroviaire suffisante qui rejoint le port de Toamasina, constitue des conditions économiques favorables. « Certes, la critique que l’on peut faire, était que les frais d’approche augmentaient le prix de revient, mais on a estimé que cet inconvénient n’était pas suffisant pour annuler les autres avantages présentés par cette région privilégiée. » En fait, le calcul se révèle exact. La production augmente de 100 000 tonnes et « devra augmenter d’une quantité égale dans l’avenir ». Les périmètres du PC 15 et d’Andilamena permettent l’installation, dans d’excellentes conditions, de milliers de familles rurales qui ont des conditions de vie très nettement meilleures que dix ans plus tôt.
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