Il était une foi l’industrie


Il fallait y penser. Des zones de pépinières industrielles dans les communes. Ce n’est pas sorcier et c’est même réaliste. On a toujours pensé qu’industrie égale usine sidérurgique ou métallurgique, grande unité minière, usine de montage de voitures…L’époque Ratsiraka était marquée par l’investissement à outrance et la construction de plusieurs unités industrielles dont il ne reste plus de vestige aujourd’hui. L’idée n’était pas mauvaise mais il avait les yeux plus gros que le ventre et les usines ont été fermées sans avoir fonctionné. On a toujours dit que pour un pays dont la population est composée de 80% de paysans, l’agriculture devrait être la base du développement, l’industrie le moteur. Le ministre de l’Industrie, du commerce et de la consommation Edgard Razafindravahy a repris l’idée tout en modifiant l’approche. Au lieu de voir trop grand, il faut être pragmatique et penser plutôt à des petites unités industrielles de transformation qui ne nécessitent pas d’investissement faramineux. Quand on constate la production de fruits, de légumes, de céréales déversés sur le marché et consommés en l’état ou qui pourrissent à cause d’une surproduction, on en conclut que des unités de transformation sont incontournables. Elles peuvent être facilement implantées contrairement aux grandes unités industrielles qui nécessitent de grosses puissances énergétiques et d’investissements colossaux. L’objectif est de pouvoir créer de l’emploi dans les communes et de satisfaire les besoins en produits finis pour limiter les importations. Eh oui, nous sommes contraints d’importer des cure-dents, des allumettes, des aiguilles… Comment veut-on que la balance commerciale s’améliore? Avec les zones pépinières industrielles, on peut gager que le lait, le fromage, les confitures, le beurre peuvent être fabriqués sur place. Le projet est d’autant plus réaliste qu’on peut assimiler l’industrie à l’église. Dans chaque village il y a au moins trois églises voire davantage. Ces édifices sont en général bien entretenus et font souvent l’objet d’extension. Les fidèles contribuent régulièrement à l’achat de meubles et d’équipements pour la maison de dieux outre l’obole et les dîmes. La maison de Dieu dispose également d’un synthétiseur haut de gamme à la place de la vieille orgue, pas de Staline, et d’une sono assez puissante. Il suffit donc d’en faire autant pour installer l’usine. Bien sûr il n’est pas évident de faire comprendre à la population que la construction d’une usine lui donnera un revenu alors qu’à l’église on lui soutire des sous. En tout cas, la réalité prouve que le projet est loin d’être une utopie. Que tout est possible sans passer par l’argent des bailleurs de fonds. Les avantages des zones de pépinières industrielles sont multiples. Outre les emplois créés et la maîtrise de la production, c’est également un anti-dote de l’insécurité. Quand tout le monde travaille dans la commune, la prière n’est plus obligatoire pour neutraliser les bandits. Eux-mêmes deviendront la main d’œuvre qui fera fonctionner l’usine. On n’en veut pour preuve que la petite rizerie du village où tout le monde passe et qui fournit l’alimentation des volailles et du bétail. Une économie en circuit fermé où tout le monde trouve son compte. Que demande le peuple?
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